Société

L’histoire du scientifique qui aurait poussé les Nazis à ne pas fabriquer la bombe atomique

Le conflit aurait sûrement pu être différent si les Nazis avaient poussé leurs recherches dans le domaine.

<a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild183-R57262,_Werner_Heisenberg_crop.jpg">Werner Heisenberg </a> | Bundesarchiv via Wikimédia CC <a href="https://creativecommons.org/publicdomain/zero/1.0/deed.fr">License by</a>
Werner Heisenberg | Bundesarchiv via Wikimédia CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Review Of Books, L'Obs

Lorsque la victoire alliée était certaine à l’été 1945, une question alimentait bon nombre de conversations: à quel point les Nazis étaient-ils proches de la fabrication de la bombe atomique et donc, peut-être, d’un dénouement différent? De nombreux scientifiques juifs, qui ont fuit l’Allemagne d’Hitler pour l’Amérique, se sont notamment inquiétés tout au long de la guerre des travaux de Werner Heisenberg, physicien allemand réputé et créateur potentiel de la terrible arme. Pendant longtemps, la question est restée sans réponse.

Dans The New York Review of Books, Thomas Powers, auteur notamment de Heisenberg’s War: The Secret History of the German Bomb, raconte qu'on en sait davantage depuis la fin des années 1990 quand la famille du physicien a commencé à publier les lettres qu’il échangeait avec sa femme, Elisabeth Heisenberg.  

Bien sûr, Heisenberg ne parlait pas explicitement de fission nucléaire avec sa femme, conscient que son courrier était lu pendant la guerre. Mais pour Powers, il est assez clair dans ces lettres que lui et d’autres collègues allemands voulaient convaincre leur camp de mettre moins d’argent dans le domaine du nucléaire et réorienter les travaux sur d’autres sujets.

Désapprobation

L’objectif? «Permettre au jeunes physiciens d’éviter l’armée [un physicien inutile dans un laboratoire aurait été envoyé sur le front], tout en limitant les recherches sur l’uranium et les réacteurs pour éviter de travailler sur la création d’une bombe à fission.» À la fin de la guerre, il a confié à sa femme, toujours dans une lettre, que les moyens techniques et organisationnels donnés par les Allemands pour construire la bombe, qu’il a lui-même limité avec ses collègues, n’auraient pas permis de suivre le chemin emprunté par les Américains. Avec son équipe, il aurait ainsi plutôt concentré ses efforts sur un réacteur capable de produire de la chaleur.

«Je connais beaucoup de collègues britanniques et américains qui ont travaillé dessus, certains étaient mes élèves, et ils ont toute ma sympathie, parce que leurs noms seront maintenant liés à cette atrocité», écrivait-il, affirmant sa désapprobation.

«Héros salaud»

Le physicien a beaucoup alimenté la polémique sur son implication dans la non-construction de l’arme atomique, certains estimant au contraire que le récit donné par les lettres du couple servaient à couvrir ses convictions réelles, notamment parce qu'il prenait part à des voyages de propagande nazie.

En 2015, L’Obs signalait ainsi de nombreux ouvrages tentant d’analyser cet homme, «héros salaud» aussi mystérieux qu’ambigu. Mais pour Thomas Powers, qui soutient coûte que coûte l’idée d’un Heisenberg révolté contre son régime, il s’agit dans tous les cas d’une histoire remplie d’ironie, où cet homme, «qui n’a pas construit de bombe, a été le premier physicien à qui l’on a demandé de se justifier».

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