Publicité

En Israël, Estrosi accorde une subvention qui fait polémique

Le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Christian Estrosi (LR) Shootpix/ABACA

LE SCAN POLITIQUE - Christian Estrosi, qui a rencontré mercredi le premier ministre israélien à Jerusalem, a annoncé le versement d'une subvention de 50.000 euros à une association paragouvernementale qui soutient la colonisation dans les territoires occupés.

Le déplacement de Christian Estrosi en Israël a fait réagir, vendredi, plusieurs élus socialistes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est d'abord la rencontre, mercredi, avec le premier ministre Benyamin Nétanyahou qui a provoqué l'ire de la gauche. «Je lui ai dit tout mon soutien après la résolution de l'ONU», a expliqué Christian Estrosi sur Twitter, au lendemain d'un vote onusien qui exhorte Israël à cesser sa politique de colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. L'ancien ministre a d'ailleurs dénoncé le refus de la France d'engager son véto pour bloquer le vote de cette résolution. «Je veux citer ici la phrase du livre d'Esaïe: “Pour Jérusalem, je ne me tairai point”», a lancé Christian Estrosi pour illustrer sa prise de position.

«Rien ne peut justifier le déplacement (de Christian Estrosi) en Israël aux frais de la métropole (Nice Côte d'Azur) pour soutenir Nétanyahou», a rétorqué Patrick Allemand, le chef de file de l'opposition municipale à Nice. «À quel titre un président de Métropole et des élus métropolitains vont-ils soutenir la politique étrangère d'un Etat condamné par l'ONU?», s'est ensuite interrogé à l'AFP Xavier Garcia, le premier secrétaire du Parti socialiste dans les Alpes-Maritimes.

«Clientélisme pur»

Mais une autre étape du voyage de Christian Estrosi fait polémique. A l'occasion d'une cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet à Nice, l'élu a planté plusieurs arbres à Jérusalem et a annoncé le versement prochain d'une subvention à une association paragouvernementale. «Avec le soutien de ma majorité régionale, une subvention de 50.000 euros sera versée au courant du premier trimestre au KKL par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour contribuer au reboisement de la forêt détruite (par les incendies de l'été dernier, ndlr), a lancé l'ancien ministre.

Le KKL (Keren Kayemeth LeIsrael, ou Fonds national juif), qui se présente sur son site comme «le bras exécutif du peuple juif pour la rédemption et le développement de la terre d'Israël», est l'objet de critiques pour son soutien à la colonisation et ses activités à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan annexé, comme le souligne Buzzfeed.

« À mon avis, ils ont du mal à justifier cette dépense »

Jean-Christophe Picard, le président d'Anticor

Ce qui fait dire à Christophe Castaner, le chef de file des socialistes lors des dernières élections régionales en Paca, que ce voyage et cette annonce constituent «du clientélisme pur». «Non seulement le contribuable paie le déplacement, mais on apprend qu'il engage la région pour acheter une clientèle», celle des «amis d'Israël», a dénoncé le député contacté par l'AFP. Ce dernier regrette que Christian Estrosi «conteste l'existence de la Palestine» quand la France porte «la position de l'équilibre». «Que certains arbres soient plantés en hommage aux victimes de l'attentat de Nice, d'accord, mais ça me paraît un peu tiré par les cheveux. À mon avis, ils ont du mal à justifier cette dépense», a également réagi auprès de Buzzfeed Jean-Christophe Picard, le président d'Anticor, l'association qui lutte contre la corruption en politique.

La métropole Nice Côte d'Azur a réagi en déclarant que «le déplacement, préparé depuis plus d'un mois, était inscrit au programme depuis le début d'année. Il a duré cinq jours et était composé de trois parties». «Une partie pour nouer et renforcer les relations que Nice entretient avec les villes israéliennes», a détaillé la métropole. Dans la deuxième partie, «il s'agissait de soutenir la plantation d'arbres dans une région sinistrée par un incendie et de planter 86 arbres en mémoire des victimes de l'attentat de Nice». La troisième partie était composée «de rendez-vous institutionnels de haut niveau, notamment avec le premier ministre Benyamin Netanyahu, qui fut un des premiers à témoigner son soutien à Nice après l'attentat du 14 juillet».

En Israël, Estrosi accorde une subvention qui fait polémique

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
454 commentaires