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Vincent Peillon, Vichy et la laïcité

Le candidat à la primaire à gauche s’en est pris au « fascisme rampant de Mme Le Pen », dressant un parallèle entre la situation des juifs sous le régime de Vichy et celle des Français musulmans aujourd’hui.

Le Monde

Publié le 04 janvier 2017 à 12h17, modifié le 04 janvier 2017 à 13h18

Temps de Lecture 3 min.

C’est une déclaration qui n’est pas passée inaperçue. Invité mardi 3 janvier de « L’Entretien politique » sur France 2, le candidat à la primaire à gauche Vincent Peillon a accusé le Front national d’« utiliser la laïcité contre certaines catégories de population », dressant un parallèle entre la situation des juifs sous le régime de Vichy et celle des Français musulmans aujourd’hui. Voici ce qu’il a dit lorsque les journalistes l’interrogeaient sur la laïcité (à partir de 22 minutes) :

« Certains veulent utiliser la laïcité – ça a déjà été fait dans le passé – contre certaines catégories de population, c’était il y a quarante ans, les juifs à qui on mettait des étoiles jaunes. C’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes radicaux. C’est intolérable. »

« Le fascisme rampant de Mme Le Pen »

A la question de savoir qui il visait par ses propos, et notamment s’il pensait à Manuel Valls – également candidat à la primaire –, M. Peillon a répondu à David Pujadas qu’il avait « mauvais esprit ».

« Le problème n’est pas Manuel Valls en France. Le problème, c’est le fascisme rampant de Mme Le Pen (…) qui utilise les mots de la République pour faire le contraire. (…) Elle fait de la laïcité un instrument non pas de liberté et de tolérance, mais un instrument de violence à l’égard de certains. »

« J’ai voulu dénoncer la stratégie de l’extrême droite »

Voyant la polémique monter, M. Peillon a souhaité « préciser [s]a pensée » qu’« une contraction de phrases a pu déformer », explique-t-il, écrivant mercredi matin sur son compte Twitter :

« Je n’ai évidemment pas voulu dire que c’était la laïcité qui était à l’origine de l’antisémitisme de la France de Vichy. Le régime de Vichy ne se réclamait pas de la laïcité, bien au contraire. Et ce qu’ont vécu les juifs sous Vichy ne saurait être banalisé d’aucune façon. Tout cela, je le sais charnellement et intellectuellement mieux que quiconque, par mon histoire personnelle, par mes travaux. Et par mes combats politiques énergiques pour la laïcité, et contre le racisme et l’antisémitisme. »

M. Peillon précise ensuite :

« J’ai voulu dénoncer la stratégie de l’extrême droite, qui utilise les mots de la République pour les détourner contre la population. Elle le fait aujourd’hui avec la laïcité contre les musulmans en les confondant avec les islamistes radicaux qu’il faut, eux, combattre. »

Contacté un peu plus tôt par Marianne, l’entourage du candidat avait déjà cherché à désamorcer la polémique, soulignant qu’il n’avait « pas voulu lier la laïcité et Vichy. Ce qu’il a voulu dire, c’est qu’il ne faut pas utiliser la laïcité pour stigmatiser une partie de la population en raison de sa religion », en l’occurrence l’islam. Quant à comparer la situation des juifs sous l’Occupation à celle des musulmans aujourd’hui, « il n’a pas parlé de l’Holocauste mais de Vichy ».

Au-delà de la déclaration polémique, l’ancien ministre de l’éducation a commis une erreur de date en disant « c’était il y a quarante ans », comme n’ont pas manqué de relever plusieurs médias, alors qu’il voulait sans doute dire en 1940, sous le régime de Vichy donc.

Sur la question de la laïcité, M. Peillon a rappelé qu’il était celui qui avait mis en place un « enseignement moral et civique » dans les écoles et avait créé la charte de la laïcité.

« Une attaque très grave »

Ses propos ont suscité de vifs commentaires sur les réseaux sociaux. Parmi eux, ceux de l’essayiste et chroniqueuse Caroline Fourest :

Par la voix de son vice-président, Florian Philippot, le Front national a dénoncé une « attaque très grave » :

Le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi a, lui aussi, dénoncé ces propos :

Comme le soulignent Le Scan politique du Figaro et le Lab d’Europe 1, ce n’est pas la première fois que le parallèle est utilisé par un responsable politique. En 2015 notamment, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, avait déclaré : « Le FN, c’est le retour de Vichy. Il y a la même volonté de stigmatisation. Sous Vichy, c’étaient les juifs, maintenant ce sont les musulmans. »

Le Monde

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