Adel, demandeur d'asile depuis plus d'un an, se confie à La Libre: "Tout le monde reçoit ses papiers avant moi"
Adel vit en plein cœur de Bruxelles, près de la place Sainte-Catherine. Ce Palestinien de 33 ans, originaire de la bande de Gaza, est arrivé en Belgique à la fin du mois de novembre 2015.
- Publié le 06-01-2017 à 15h22
- Mis à jour le 06-01-2017 à 15h29

Adel vit en plein cœur de Bruxelles, près de la place Sainte-Catherine. Ce Palestinien de 33 ans, originaire de la bande de Gaza, est arrivé en Belgique à la fin du mois de novembre 2015. Nous l'avions rencontré il y a maintenant plus d'un an, la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2015, alors qu'il faisait la file devant l'Office des étrangers.
Cela fait désormais 14 mois qu'il attend une réponse de la part du Commissariat général aux réfugiés et apatrides. Sera-t-il reconnu ? Ou lui demandera-t-on de quitter le territoire ?
En attendant, Adel est passé par un centre de Weelde, en province d'Anvers, du premier décembre 2015 au 8 novembre 2016. Cet ancien secrétaire d'école sans femme ni enfant logeait dans un container avec trois autres personnes. Il devait traverser la cour pour prendre une douche ou aller aux toilettes. "Mais à l'intérieur, il faisait chaud et nous avions des activités organisées", ajoute-t-il de peur de paraître trop négatif. "Le seul véritable problème, c'est lorsque nous voulions aller faire des courses. Une heure de marche aller et une heure pour le retour."
Fin 2016, le centre de Weelde a fermé suite à la décision du secrétaire d'Etat de supprimer 10 000 places d'accueil. Adel loge désormais dans un centre de la Rode Kruis à Sainte-Catherine alors que la plupart des autres pensionnaires ont été relogés dans des maisons sociales.
S'il est reconnu réfugié, Adel aimerait trouver un logement autour de Bruxelles. "Pas dans le centre, cela coûte trop cher", explique celui qui a été réfugié toute sa vie. "Ma famille s'est réfugiée dans les années 70 dans le camp de réfugiés palestiniens Ah-Shati, au nord de la bande de Gaza. Il est surnommé le 'Beach camp' pour sa proximité avec la mer. Ils y sont restés longtemps et je suis né dans ce camp. Nous étions beaucoup à y vivre, sur une surface très petite. Les rues étaient étroites et les buildings très hauts. Aujourd'hui, je demande l'asile en Belgique et j'attends. C'est l'histoire de toute ma vie. Je vois tout le monde recevoir ses papiers avant moi et cela me rend triste."
Le contact difficile
Adel est de nature réservée et ose difficilement s'exprimer. "J'avais bien un ami à Weelde mais il est parti dans un autre centre lorsque le nôtre a fermé."
A Weelde, il a appris le néerlandais. "J'ai terminé une première formation, je vais bientôt commencer la deuxième au VDAB", explique-t-il, enthousiaste. "C'est une bonne chose pour moi car cela me permet de bouger et de rencontrer des gens. Ici, j'ai l'impression que les Belges sont timides. Quand je suis près de la Bourse et que je demande à des passants comment ils vont, ils me regardent bizarrement et puis partent sans rien dire. Je ne comprends pas. A force, j'ose moins aller vers les gens, je me renferme. Savez-vous comment on peut se faire des amis ici ?", demande-t-il naïvement.
Déprime
L'attente dans laquelle Adel se trouve ainsi que le peu d'interactions qu'il a avec la société le dépriment. Il décroche difficilement un sourire. Deux solutions s'offrent à lui. "Soit la situation dans mon pays reste telle quelle, j'obtiens un statut de réfugié et je construis ma vie et une famille en Belgique. Soit, et ça, je l'espère plus que tout, la situation s'améliore et je pourrai enfin retrouver les miens. Vous savez, je suis certain que tous les réfugiés de Belgique retourneraient dans leur pays si la situation venait à s'améliorer", conclut-il.