DIPLOMATIEConflit israélo-palestinien : Que faut-il attendre de la conférence « pour la paix » à Paris ?

Conflit israélo-palestinien : Que faut-il attendre de la conférence « pour la paix » à Paris ?

DIPLOMATIELe président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, ont refusé l’invitation…
Une vue panoramique de Jérusalem.
Une vue panoramique de Jérusalem. - Chameleons Eye/REX Shut/SIPA
Delphine Bancaud

D.B. avec AFP

Conférence purement symbolique ou réunion prometteuse pour tenter de régler le conflit israélo-palestinien ? Paris accueille dimanche une réunion sur la paix au Proche-Orient, qui se déroulera dans un contexte rendu explosif par le projet annoncé par Donald Trump de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.

Elle réunira près de 75 pays et organisations internationales et ne débouchera sur aucune annonce concrète, mais sur un communiqué qui rappellera les textes internationaux de référence sur le conflit israélo-palestinien et les principes admis par la communauté internationale depuis presque soixante-dix ans. « Il nous semble important que, dans le contexte actuel, 70 pays réaffirment que la solution à deux Etats est la seule possible. C’est aussi simple que ça, ce n’est pas plus que ça. Il faut que cette position soit actée et que chacun prenne date, dans cette période d’incertitude », explique un diplomate français.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, ont refusé l’invitation. Benyamin Netanyahu a d’ailleurs qualifié dimanche de « futile » cette réunion.

Les déclarations de Trump déroutent la communauté internationale

Car la conférence de Paris veut avant tout marquer le coup, cinq jours avant l’entrée en fonction du président élu américain Donald Trump, dont l’imprévisibilité inquiète les diplomates travaillant sur ce dossier explosif.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a d’ailleurs souligné jeudi que la conférence de Paris était « un ultime soubresaut du passé avant l’avènement de l’avenir », illustrant à quel point la droite israélienne compte sur le futur président des Etats-Unis. Car, si Washington a toujours été un allié indéfectible d’Israël, Donald Trump est monté d’un cran, en parole pour le moment, dans le soutien à l’Etat hébreu.

Fait le plus notable, il a ainsi promis pendant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Il romprait ainsi avec la politique historique des Etats-Unis et de la très grande majorité de la communauté internationale, pour qui le statut de Jérusalem, également revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur futur Etat, doit se régler par la négociation. Transférer l’ambassade américaine à Jérusalem serait « extrêmement lourd de conséquences », a déclaré ce dimanche, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. « Quand on est président des États-Unis, sur cette question on ne peut pas avoir une position aussi tranchée, aussi unilatérale, il faut chercher à créer les conditions de la paix », a-t-il ajouté.

Les Palestiniens sont inquiets

Inquiétude aussi chez les Palestiniens, favorables à l’internationalisation du conflit. « Tous les signaux sont négatifs » dans les prises de position du futur président américain sur le conflit, a déclaré récemment un membre de la direction palestinienne, Mohammad Shtayyeh. La tenue de la conférence est en soi une victoire pour les Palestiniens, mais Benyamin Netanyahu a d’ores et déjà prévenu qu’Israël ne serait pas lié par ses résultats.

La conférence de Paris s’annonce donc comme le dernier acte d’une série d’engagements remarqués en faveur d’un processus de paix basé sur la solution à deux Etats, avant le saut dans l’inconnu que représente la future administration américaine.

Un mois avant son départ de la Maison-Blanche, l’administration Obama a en effet marqué le coup sur le dossier israélo-palestinien.Les Etats-Unis se sont ainsi abstenus sur une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation israélienne, la première depuis 1979. Au grand dam du président élu Trump qui avait exhorté Washington à mettre son veto à la résolution.

Quelques jours plus tard, dans un discours en forme de testament politique, le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui sera présent dimanche à Paris, avait à nouveau dénoncé la colonisation et réitéré les paramètres référents pour la solution du conflit.

Sujets liés