"Yolocaust": Un artiste épingle les selfies tout-sourire au mémorial de la Shoah de Berlin

AFP
"Yolocaust": Un artiste épingle les selfies tout-sourire au mémorial de la Shoah de Berlin
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Un artiste israélien vivant en Allemagne a lancé sur internet une campagne de photomontages choc pour dénoncer la mode qui consiste à prendre des selfies tout-sourire au mémorial de l'Holocauste de Berlin.

Le projet de Shahak Shapira, artiste et écrivain satirique de 28 ans, s'appelle "Yolocaust", contraction des mots "holocauste" et de l'acronyme anglais YOLO ("You Only Live Once", "On ne vit qu'une fois"), une expression très utilisée sur les réseaux sociaux.

Sur le site internet, on peut voir une galerie de ces clichés postés, selon l'artiste, sur les réseaux sociaux, notamment une jeune fille faisant du yoga, une autre prenant une pause langoureuse et un homme en train de jongler au milieu des imposantes dalles grises érigées à la mémoire des plus de six millions de Juifs assassinés pendant la deuxième guerre mondiale.

Lorsque l'on passe sa souris sur ces images, un nouveau fond apparaît, des photos prises dans les camps de concentration et qui montrent alors les héros des clichés en train de piétiner des piles de cadavres ou devant des déportés décharnés.

L'artiste revendique vouloir faire "honte" à ces utilisateurs et propose à ceux qui auraient des remords d'envoyer une demande de "désabrutisation" pour que leur photo soit retirée du site.

Les photomontages de l'artiste israélien, qui habite en Allemagne depuis l'âge de 14 ans, ont été mis en ligne mercredi et se sont rapidement propagées sur la toile. Le site a même été momentanément indisponible jeudi en raison d'un trop grand nombre de visiteurs.

Les réactions étaient plutôt positives, même si quelques internautes soulignaient que l'architecte du mémorial, Peter Eisenman, avait insisté sur le caractère non funéraire du lieu.

Le mémorial de l'holocauste de Berlin a été inauguré en 2005 en plein coeur de la ville. Il est constitué d'un musée et d'un vaste parvis grand comme trois terrains de football, recouvert de 2.700 blocs de béton de différentes tailles.

Le mémorial est devenu l'une des principales attractions touristiques de la capitale.

L'éditeur de Shahak Shapira explique que se dernier est le petit-fils d'Amitzur Shapira, l'un des 11 israéliens assassinés aux jeux Olympiques de 1972 par un commando de militants palestiniens et que son autre grand-père est un rescapé de la Shoah.

L'artiste avait fait la une des journaux en 2015 après avoir été attaqué par une foule de jeunes musulmans qui avaient entamé sur son passage des chants antisémites et n'avaient pas apprécié d'être filmés.

L'artiste déclare aussi dédier son "Yolocaust" à un responsable du parti populiste de droite AfD, Björn Höcke, qui a suscité l'opprobre en Allemagne mercredi en déplorant l'existence à Berlin du mémorial.

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