Le transfert à Jérusalem de l’ambassade américaine n'a rien d'imminent
L'ambassade américaine à Tel-Aviv en Israël
Photo : Getty Images / JACK GUEZ
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Pendant la campagne, Donald Trump a promis à plusieurs reprises de déplacer à Jérusalem l'ambassade américaine en Israël, mais le projet, lourd d'enjeux pour le processus de paix et la région dans son ensemble, semble un peu moins d'actualité depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
Dans un communiqué diffusé dimanche avant son premier entretien post-investiture avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son porte-parole a laissé entendre que le déménagement n'avait rien d'imminent.
Nous sommes au tout début des discussions sur ce sujet.
Une partie de la presse israélienne et les partisans de la colonisation des territoires palestiniens se sont néanmoins réjouis de cette annonce qui signifie, selon eux, que les pourparlers ont effectivement débuté.
Au sein du gouvernement Nétanyahou, on explique en revanche que le sujet a été à peine abordé au cours de l'entretien d'une demi-heure avec Trump et, dans les milieux diplomatiques, on parle plutôt d'un report. « Cela signifie vraiment : "Ne nous appelez pas. Nous vous contacterons le moment venu" », a écrit sur Twitter Ygal Palmor, ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Très favorable au projet, Benyamin Nétanyahou sait aussi que sa mise en oeuvre ne serait pas sans conséquence. Le déménagement de l'ambassade américaine à Jérusalem reviendrait à reconnaître la souveraineté de l'État hébreu, qui considère la ville comme sa capitale « éternelle et indivisible », alors que les Palestiniens en revendiquent avec force la partie orientale.
Ce serait aussi préjuger de l'issue des négociations de paix, dont le statut de Jérusalem est un point-clé.
Aucun État n'a encore franchi le pas, hormis le Costa Rica et le Salvador, qui sont ensuite revenus sur leur décision.
Caractère incendiaire
L'Égypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir conclu des traités de paix avec Israël, se sont alarmées des projets de Donald Trump.
Le roi Abdallah de Jordanie, gardien des lieux saints de Jérusalem, a reçu dimanche Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, auquel il a exprimé ses inquiétudes.
Selon ce dernier, il a en outre dressé la liste des mesures de rétorsion qui seront mises en oeuvre si le déménagement a effectivement lieu. On ignore pour le moment leur nature, mais le souverain pourrait rappeler son ambassadeur en Israël ou dénoncer les accords de sécurité bilatéraux, voire l'accord de paix conclu en 1994, disent les observateurs.
Au Caire, on souligne le caractère éminemment « incendiaire » du statut de Jérusalem. « Je ne veux pas me lancer dans des spéculations [...], mais je pense que tout le monde reconnaît l'importance de la question », a commenté le chef de la diplomatie, Samed Choukry, lors d'un point de presse, le 4 janvier.
« Il s'agit de l'une des questions qui doivent être résolues dans le cadre d'un règlement définitif entre les deux parties [...] Notre intérêt est que toutes les questions soient réglées par la négociation », a-t-il ajouté.
Nétanyahou tient en outre à préserver les relations qu'il a patiemment renouées avec la Turquie et l'Arabie saoudite, et que le déménagement de l'ambassade américaine pourrait compromettre.
Au sein de son gouvernement, on reste convaincu que la représentation américaine a tout lieu d'être à Jérusalem, mais on juge que la décision doit être mûrement réfléchie, d'autant que le déménagement pose également des problèmes matériels.
Les États-Unis possèdent certes plusieurs bâtiments dans la ville sainte, dont un consulat général chargé des relations avec les territoires palestiniens, mais l'ambassade ne peut y être transférée du jour au lendemain. Une telle initiative suppose une foule d'arrangements commerciaux, culturels et économiques, sans parler des dispositions de sécurité, dont la mise au point prendra du temps.
Sur le plan purement intérieur, le moment ne semble pas non plus propice. Le premier ministre israélien fait l'objet de deux enquêtes criminelles et se trouve en délicatesse avec les partisans de la colonisation au sein de son gouvernement.
L'annonce dimanche de la mise en chantier de 560 logements dans des implantations juives de Jérusalem-Est a certainement pour but de les apaiser, maintenant que l'administration américaine est moins hostile à la colonisation.