Dîner du CRIF: Pourquoi Mélenchon, Le Pen et Jadot sont-ils indésirables?

PRESIDENTIELLE Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tient ce mercredi soir son dîner annuel...

Thibaut Le Gal
Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, et Yannick Jadot.
Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, et Yannick Jadot. — MONTAGE 20mn/SIPA

Ils ne seront pas les bienvenus, ce mercredi soir, au dîner annuel du Crif. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, et Yannick Jadot ne font pas partie des 700 invités attendus dans un grand hôtel parisien pour le 32e rendez-vous du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et François Hollande ont, eux, répondu positivement à l’invitation de Francis Kalifat, président du Crif depuis mai dernier. Pourquoi la présidente du FN et les deux candidats de gauche n’ont-ils pas été invités ?

« Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon véhiculent tous les deux la haine »

Françis Kalifat répond à 20 Minutes. « J’insisterai ce soir dans mon discours sur le danger que représentent les extrêmes, de droite comme de gauche. Je renvoie dos à dos Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon car ils véhiculent tous les deux la haine ». Sur le Front national, Francis Kalifat maintient la ligne traditionnelle du Crif. «Le FN véhicule la haine de l’autre, le rejet de l’étranger. C’est aussi le parti dans lequel se retrouvent tous les antisémites notoires ».

L'organisation avait d’ailleurs condamné au début du mois la récente rencontre entre des responsables frontistes et « un groupuscule au nom pompeux », la Confédération des Juifs de France et amis d’Israël.

Louis Aliot, vice-président du Front national s’en amuse. « Vous savez, les dîners de ce style, un mercredi soir, me font beaucoup rire… Je n’ai aucune déclaration à faire sur cette association qui ne représente qu’elle-même ».


« L’extrême gauche véhicule, elle, la haine d’Israël »

Concernant Jean-Luc Mélenchon, Francis Kalifat fustige le soutien du Parti de Gauche à la campagne BDS lancée par des militants propalestiniens. « L’extrême gauche véhicule, elle, la haine d’Israël, et à travers cela, la haine des juifs avec son soutien au boycott des produits israéliens. Nous savons aujourd’hui qu’un nouvel antisémitisme avance masqué, déguisé sous le terme d’antisionisme. Le dîner du Crif est un diner républicain. Ne peuvent donc y assister que des candidats républicains », accuse-t-il.

Dans l’équipe de Mélenchon, on refuse, dans un premier temps, de polémiquer. « Sur la laïcité, il ne faut pas avoir des positions à géométrie variable. En allant à ce type de rendez-vous confessionnel, on risque de morceler la société. Le citoyen est un homme sans étiquette. Nous refusons toute polémique. Nous sommes républicains et continuerons à lutter contre l’antisémitisme ».

Mais dans l’après-midi, Jean-Luc Mélenchon hausse le ton dans un communiqué, contre l'« insulte » de Françis Kalifat : « Me comparer au parti d’extrême droite dont l’histoire européenne est mêlée aux pires atrocités commises contre les Juifs, est une faute morale et politique ». Le candidat de la France insoumise ajoute : « Si le CRIF représente le gouvernement israélien et, pour cette raison, considère que j’en suis un opposant, je confirme que, comme beaucoup d’Israéliens d’ailleurs, je ne soutiens pas le gouvernement de Netanyahou, ni ceux qui ne s’offusquent pas de la violation des résolutions de l’ONU. »

«Le boycott est un outil bienveillant et pacifique contre la colonisation»

Le soutien au boycott des produits israéliens, illégal en France, est également l’argument mis en avant par le Crif pour justifier l’absence de Yannick Jadot mercredi soir. « A partir du moment où il est devenu le candidat d’EELV, parti très en pointe dans le mouvement BDS [ Boycott désinvestissement sanctions], il ne devient plus pour nous un invité possible ».

Julien Bayou, porte-parole d’EELV maintient la position du parti : « On ne peut pas travestir ce qu’on pense réellement pour être invité à un dîner mondain. La colonisation reste un obstacle pour la paix. Le boycott est un outil bienveillant et pacifique à la portée des citoyens. On ne peut tolérer les conditions de vie indignes des Palestiniens dans ces colonies, territoires d’où proviennent les produits boycottés. Le Crif est souvent partisan sur ses questions et caricature nos positions. Nous militons toujours pour une solution de deux Etats ».

Bayrou et Dupont-Aignan contre également

Pour d'autres raisons, des personnalités à droite refusent également de se joindre à la soirée. « Je n’ai pas besoin d’aller dans ce type de dîners pour entretenir des bonnes relations avec les communautés », insiste Nicolas Dupont-Aignan. « Je suis toujours méfiant vis-à-vis de ces systèmes de dîners... Un président de la République doit être au-dessus de toutes les communautés et de tous les réseaux quels qu’ils soient ».

Depuis 2012, François Bayrou assure lui ne plus vouloir « participer à des réunions communautaires ». « L’organisation de manifestations publiques où les politiques se pressent en rangs serrés pour venir, d’une manière ou d’une autre, déclarer leur flamme à une communauté, m’a toujours dérangé parce qu’il y a, d’une certaine manière une volonté de capter les suffrages de telle ou telle sensibilité », assurait-il alors.