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À tort, Jean-Luc Mélenchon traite un opposant politique russe d'antisémite

Le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 23 février 2016 sur le plateau de France 2. PATRICK KOVARIK/AFP

LE SCAN POLITIQUE - Sur France 2 jeudi soir, le candidat de La France insoumise a qualifié Boris Nemtsov d'«odieux antisémite» alors qu'il visait probablement Alexeï Navalny. Deux figures incontournables de l'opposition à Vladimir Poutine à ne pas confondre.

Jean-Luc Mélenchon a créé un malaise jeudi soir lorsqu'il a traité Boris Nemtsov d'«odieux antisémite» sur le plateau de «l'Emission politique» sur France 2. Souvent interrogé sur son tropisme supposé pour la Russie de Vladimir Poutine, le candidat de La France insoumise est interrogé par David Pujadas sur la situation des opposants au président russe. Vient le cas de Boris Nemtsov, assassiné en 2015 au pied du Kremlin. «Je suis toujours intervenu pour défendre ceux qui m'ont demandé d'être défendus», répond Jean-Luc Mélenchon. Il poursuit: «Le personnage dont vous me parlez, avec tant de mansuétude, le connaissez-vous? Savez-vous qui il est? Savez-vous qu'il était un odieux antisémite?» Le malaise s'installe sur le plateau, et David Pujadas rétorque: «Boris Nemtsov? Mais, enfin Jean-Luc Mélenchon, lui-même d'ascendance juive, il aurait été antisémite? Je crois que vous confondez avec monsieur Navalny.» «C'est possible», concède Mélenchon.

Boris Nemtsov, figure de la Russie post-soviétique

Injustement traité d'antisémite, Boris Nemtsov était le plus médiatique des opposants politiques de Vladimir Poutine avant son assassinat en février 2015. Physicien de formation, il connut une ascension fulgurante dans les années 1990 à la chute de l'Union soviétique. Il se fait d'abord élire au Parlement sovétique, le Soviet suprême. Puis il devient gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou. Proche du Président Boris Eltsine, Boris Nemtsov est nommé à 38 ans vice-premier ministre chargé du secteur de l'Energie et des monopoles. Une position convoitée dans la Russie post-soviétique qui entame de grandes vagues de privatisations. Il sera par la suite régulièrement accusé par le Kremlin d'enrichissement personnel et de liens troubles avec les grands oligarques qui émergeront de ces démantèlements de monopoles.

Un temps pressenti pour lui succéder, il est finalement limogé par Boris Eltsine et devient le principal opposant de Vladimir Poutine. Lors des grandes vagues de manifestations provoquée en 2011 par la nouvelle candidature de l'actuel président, Boris Nemtsov sera l'une des figures de proue de la contestation. A ce titre, il sera plusieurs fois arrêté. Son histoire se terminera de façon tragique le 27 février 2015, lorsqu'il sera assassiné par balles à deux pas du Kremlin. La semaine suivant sa mort, plusieurs dizaines de milliers de personnes défileront dans les rues de Moscou. A ce jour, l'instigateur supposé de son assassinat -le Tchétchène Rouslan Moukhoudinov - est toujours recherché. Seuls les exécutants ont été arrêtés.

Alexeï Navalny, un nationaliste récemment condamné

Jean-Luc Mélenchon faisait probablement référence à Alexeï Navalny. Si Vladimir Poutine se représente à l'élection présidentielle de 2018, il pourrait figurer comme son principal opposant. Mais ce bloggueur spécialisé dans la dénonciation de la corruption est pris depuis des années dans des tourments judiciaires qui pourrait entraver ses ambitions politiques. Reconnu coupable de détournement de fonds en 2013, sa condamnation a été annulée en 2016 par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui avait jugé cette décision arbitraire. Pourtant, Alexeï Navalny a été à nouveau condamné pour les mêmes faits le 8 février dernier à cinq ans de prison avec sursis. Il a été reconnu coupable du détournement en 2009 de 400.000 euros au détriment d'une société publique d'exploitation forestière. Alexeï Navalny dénonce un procès politique monté de toutes pièces pour l'empêcher de se présenter en 2018.

Mais au-delà de ses ennuis judiciaires, se sont ses positions politiques que Jean-Luc Mélenchon critiquait en le traitant d'«odieux antisémite». Par ces mots, Jean-Luc Mélenchon faisait référence à une rumeur selon laquelle l'opposant au Kremlin aurait levé un verre «en l'honneur de l'Holocauste» lors d'une réception à Moscou en 2013. Interrogé par le Jerusalem Post en août 2013, son entourage a nié la réalité de cette scène. Quoi qu'il en soit, l'homme est connu pour ses positions nationalistes et sa participation à des événements comme la «Marche russe», accusée contenir en son sein des éléments racistes et xénophobes.

À tort, Jean-Luc Mélenchon traite un opposant politique russe d'antisémite

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101 commentaires
  • christian77200

    le

    toujours aussi mauvais "se sont ses positions "

  • bullddung

    le

    Un vieux réflexe de Francmac.

  • Bob44

    le

    Mélenchon qui soutient les terroristes du Hamas a en effet une expertise indéniable en matière d'antisémitisme. En mars 2013, le candidat à la présidentielle de ce printemps 2017 fustigeait ainsi Pierre Moscovici, alors ministre socialiste de l’Economie : « Ce petit intelligent […] ne pense plus en français mais dans la langue de la finance internationale ». Le PS a demandé immédiatement à Jean-Luc Mélenchon de « retirer ce vocabulaire des années 30 ». Pierre Moscovici a répliqué : « mes quatre grands-parents étaient étrangers. Mon père a été déporté. Et cette famille a choisi la France. Je suis français par tous mes pores ».