Première prise de température : le conseiller de Donald Trump a rencontré Netanyahou et Abbas
- Publié le 16-03-2017 à 06h59
- Mis à jour le 16-03-2017 à 07h01

Prudence et diplomatie. Lui qui arbore facilement sa kipa noire en public, c'est tête découverte que Jason Greenblatt effectue cette semaine sa première tournée en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Depuis son arrivée, l'envoyé de l'administration Trump en charge des négociations internationales avance à pas prudents pour "écouter et discuter des vues des dirigeants de la région sur la situation actuelle et voir comment avancer pour la paix", selon l'annonce du département d'Etat à Washington.
Au cours d'un entretien de cinq heures, lundi, avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, M. Greenblatt a "réaffirmé l'engagement du président Trump en faveur de la sécurité d'Israël et des efforts pour aider Israéliens et Palestiniens à atteindre une paix durable par des négociations directes", résume le communiqué du bureau de M. Netanyahou.
L'épineux débat sur les colonies juives a également été abordé. Après l'annonce de la construction de 5 000 nouveaux logements en janvier dernier, le président américain Donald Trump avait estimé que la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est ne représentait pas "une bonne chose pour la paix" et incité le gouvernement israélien à calmer ses ardeurs. C'est pour cette même raison que le vote du projet de loi sur l'annexion du bloc de Maale Adumim (40 000 habitants) prévu ce mardi 14 à la Knesset (le Parlement israélien) a été repoussé à dimanche 19, après le départ de M. Greenblatt. Même si la droite nationaliste religieuse israélienne compte toujours sur le soutien américain dans ses velléités annexionnistes, rien n'est moins sûr à l'heure actuelle.
Attachement aux deux Etats
Le lendemain, M. Greenblatt a rencontré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah. Celui-ci a réitéré son attachement à la solution à deux Etats en attendant une discussion en direct avec le président américain, qui l'a invité à la Maison-Blanche dans les prochaines semaines. Selon un communiqué émis par le Consulat américain à Jérusalem, Washington et Rammallah auraient répété leur détermination à combattre la terreur et la violence, et évoqué les conditions d'un développement de l'économie palestinienne.
Si aucun plan pour la reprise des négociations n'a été décidé à l'issue de ces entrevues, la visite de M. Greenblatt signale "l'engagement de l'administration américaine" dans la reprise du processus de paix, fait remarquer Emmanuel Navon, professeur en relations internationales à l'université de Tel Aviv : "Trump a donc décidé de ne pas laisser tomber ce dossier."
Le 16 février à Washington, le président américain avait déclaré que, concernant la résolution du conflit israélo-palestinien, les deux parties concernées devaient convenir de la "solution qu'ils préfèrent". Son propos avait sonné, selon certains, la fin d'une solution à deux Etats, un pilier de la politique américaine au Proche-Orient depuis 2001.
Mais, "si Trump exige prochainement de Netanyahou un plan de négociations, il le mettra ainsi face à ses responsabilités", notamment par rapport à sa coalition, note Emmanuel Navon. Avocat spécialiste en immobilier, M. Greenblatt n'est certes pas un expert en diplomatie. Mais peut-être dégagera-t-il une nouvelle approche dans la résolution du conflit.