Mis en examen et accusé d'antisémitisme, Frédéric Chatillon est bien salarié pour la campagne de Marine Le Pen

CAMPAGNE D’après le « Canard Enchainé », Frédéric Chatillon est depuis le 2 novembre chargé de mission dans la campagne de Marine Le Pen pour 2.550 euros brut mensuels pour un mi-temps…

20 Minutes avec AFP
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Marine Le Pen, présidente du Front national, lors d'un discours de campagne à Lyon le 5 février 2017
Marine Le Pen, présidente du Front national, lors d'un discours de campagne à Lyon le 5 février 2017 — Michel Euler/AP/SIPA

C’est un ami de Marine Le Pen et prestataire de ses campagnes depuis plusieurs années. Mais il est aussi accusé d’antisémitisme par plusieurs témoignages. Frédéric Chatillon est pourtant bel et bien salarié de la campagne présidentielle FN, a-t-il indiqué mardi à l’AFP, confirmant une information du Canard enchaîné.

D’après l’hebdomadaire satirique, Frédéric Chatillon est depuis le 2 novembre chargé de mission dans la campagne de Marine Le Pen pour 2.550 euros brut mensuels pour un mi-temps avec des fonctions de « coordinateur technique du print et du Web ».

Renvoi en correctionnelle et une mise en examen

« Oui, je confirme », a dit à l’AFP l’ancien patron dans les années 1990 du Gud, syndicat étudiant « antisioniste » et « anticapitaliste » d’extrême droite.

Un dirigeant du parti avait déjà dit à l’AFP que Frédéric Chatillon était salarié de la campagne, mais d’autres sources frontistes confirmaient simplement sa présence quasi-quotidienne à L’Escale, le QG de campagne parisien de Marine Le Pen.

Frédéric Chatillon est considéré par la justice comme le personnage central du système organisé par le FN depuis 2011 pour ses campagnes électorales, ce qui lui vaut, dans deux enquêtes distinctes, un renvoi en correctionnelle et une mise en examen.

Une réputation sulfureuse qui trouble en interne

Dans un livre sorti ce mercredi, Marine est au courant de tout (Flammarion), relayé par Envoyé Spécial jeudi sur France 2, des témoignages, dont celui de l’eurodéputé ex-FN Aymeric Chauprade, accusent Frédéric Chatillon d’antisémitisme, voire de vouer une admiration pour le nazisme.

« J’emmerde Adolf Hitler et le Troisième Reich ! Mais j’emmerde autant ces "journalistes" qui se permettent de raconter n’importe quoi », a répondu Frédéric Chatillon samedi sur Facebook.

Marion Maréchal-Le Pen l’évite

Au Front national, sa présence et sa réputation sulfureuse troublent toutefois en interne. « Frédéric Chatillon, je ne le fréquente pas. S’il était quelque part, je n’y resterais pas », assurait par exemple dimanche à l’AFP le député du Gard apparenté FN Gilbert Collard.

Un très proche de Marine Le Pen disait aussi récemment « comprendre en partie » les doutes de la communauté juive à l’égard de Frédéric Chatillon, qui « a été très loin dans le passé ».

La députée Marion Maréchal-Le Pen et sa mère Yann Le Pen -soeur de Marine Le Pen et chargée des grandes manifestations au FN- l’évitent au possible.

Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, s’inquiète lui aussi parfois de la place des « gudards » dans le parti.

« On a toujours dit qu’il était dans le dispositif », a balayé mardi Nicolas Bay, secrétaire général du parti, interrogé par l’AFP.