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Armes chimiques : comment les espions français et israéliens ont manipulé un ingénieur syrien

« Le Monde » dévoile comment la France et Israël ont manipulé une source pour qu’elle livre des secrets dans le cadre de l’opération « Ratafia ».

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Publié le 25 mars 2017 à 10h57, modifié le 26 mars 2017 à 07h37

Temps de Lecture 7 min.

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C’est une guerre secrète réservée aux espions. Ses batailles unissent, au sein d’alliances, des agences nationales de renseignement qui s’affrontent bloc contre bloc au nom d’une cause jugée vitale : la lutte contre la prolifération et l’utilisation des armes chimiques. Chose rare, Le Monde a eu accès aux détails d’une opération hautement confidentielle, baptisée « Ratafia » et menée, en France, par les services secrets français et leurs homologues israéliens du Mossad, contre le programme secret d’armes chimiques développé par le régime de Bachar Al-Assad. Elle a permis, avant et pendant la guerre civile en Syrie, qui a débuté en 2011, d’obtenir des informations précises sur l’arsenal syrien. Un travail de longue haleine consistant à identifier une source syrienne et à la manipuler.

Les éléments dont Le Monde a eu connaissance auprès de sources judiciaires et issues de la communauté du renseignement et diplomatique permettent de lever le voile sur le degré de connaissance réel dont bénéficiaient, à cette date, les puissances occidentales sur le programme d’armes chimiques de Damas, trois ans avant qu’elles ne le dénoncent après des massacres perpétrés en 2013. La coopération entre proches alliés permettait, semble-t-il, dès 2011, de sensibiliser la communauté internationale sur la menace que constituait le régime syrien et de tenter de faire pression pour le démanteler. Pour ne pas mettre en péril inutilement la sécurité d’agents de terrain ou d’opérations toujours en cours, Le Monde a sciemment choisi de ne pas évoquer certains aspects de cette mission.

D’après les informations transmises, en 2010, par le Mossad à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue DGSI en 2014) et à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l’opération a démarré deux ans plus tôt, à Damas, par une longue approche d’un Syrien travaillant pour le programme de développement, de production et de stockage des armes chimiques et des missiles vecteurs. La surveillance de la Syrie est depuis longtemps une priorité pour l’Etat juif et ce programme, qui concerne alors près de 10 000 salariés, selon les chiffres échangés entre les principales chancelleries occidentales, est un objectif prioritaire pour le Mossad.

Selon un diplomate français, les forts soupçons qui pesaient sur la responsabilité du renseignement israélien dans le grave accident survenu, en 2007, sur le site d’Al-Safir, lors de l’assemblage de missiles vecteurs de VX, le gaz le plus toxique des agents de guerre chimique connus, ont conduit Damas à renforcer le secret et les mesures de sécurité. De quoi inquiéter Israël. En 2010, le chef du bureau de lutte contre le terrorisme, Nitzan Nuriel, lors du 10e sommet sur le contre-terrorisme, accuse Damas de fournir des armes non conventionnelles au Hamas et au Hezbollah.

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