En exprimant sa pensée profonde à propos de la rafle du Vél’d’Hiv, Marine Le Pen a mis en évidence le cordon ombilical qui la relie encore indissolublement à son père : tous deux refusent l’implication de la France dans l’arrestation par la police française et la livraison aux Allemands de 13 000 Juifs, dont 4 000 enfants en grande majorité nés en France et déclarés français par leurs parents étrangers et considérés comme apatrides.
Pour Marine Le Pen, seuls les décisionnaires, Pétain et Laval, à la tête du gouvernement de l’Etat Français installé à Vichy, sont les responsables de cette gigantesque rafle opérée par la seule police française.
Marine Le Pen ne tient pas compte que Philippe Pétain était un glorieux maréchal de France et que Pierre Laval avait été président du conseil des ministres de la IIIe République à plusieurs reprises. C’est sous leur autorité que toute l’administration préfectorale et les forces de police avaient procédé à l’arrestation des juifs étrangers, en juillet 1942 à Paris et dans toute la province de la zone occupée, en août et septembre dans la zone non occupée dite zone libre, où le régime de Vichy exerçait sa souveraineté ; sans oublier tous les corps constitués qui avaient accepté le statut discriminant les juifs, l’aryanisation et la spoliation de leurs biens, leur recensement et leur internement administratif.
A l’été 1942 le gouvernement Pétain-Laval disposait de sa flotte, de son empire, de son économie qui tournait à plein régime pour l’industrie de guerre du IIIe Reich, de sa police et de sa gendarmerie qui garantissaient l’ordre en France et la sécurité des troupes d’occupation.
La meilleure défense des juifs français, de tous les juifs et de la réputation de la France aurait été que Vichy opposât un refus à la demande des SS de leur fournir l’indispensable police française pour arrêter les juifs
La meilleure défense des juifs français, de tous les juifs et de la réputation de la France aurait été que Vichy opposât un refus à la demande des SS de leur fournir l’indispensable police française pour arrêter les juifs, quelle que fût leur nationalité. Une telle décision aurait certainement évité ce que le pasteur Boegner prédisait à Pétain pour la France : « une défaite morale dont le poids serait incalculable ».
Les milliers d’enfants en bas âge de la rafle du Vél’d’Hiv ont presque tous été séparés de leurs parents déportés avant eux et ils ont été déportés à leur tour vers la mort dans des conditions effroyables.
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