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En Israël, les femmes se libèrent sur grand écran

Le film « Je danserai si je veux », actuellement à l’affiche, illustre les tensions entre la pratique religieuse stricte, de mise dans les zones rurales, et l’hédonisme qui prévaut désormais dans les grandes villes du pays.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 12 avril 2017 à 06h54, modifié le 12 avril 2017 à 08h25

Temps de Lecture 4 min.

Dans « Je danserai si je veux », trois femmes arabes s’installent en colocation à Tel-Aviv. Fêtes, drogues, alcool, hommes... Les tentations sont nombreuses.

Un événement considérable est survenu au Festival international du film de Haïfa, en octobre 2016. Trois films, réalisés par des femmes, étaient en compétition, traitant d’un même thème : la difficile coexistence entre Palestiniens et Israéliens. Pour la première fois, les premiers cessaient d’être des figurants ou des terroristes, rôles qui leur sont traditionnellement dévolus. Parmi ces œuvres, il en est une qui a fait particulièrement parler d’elle, depuis sa sortie en salle en janvier dernier. Il s’agit de Bar Bahar, de Maysaloun Hamoud.

Le film, qui sort mercredi 12 avril en France sous le titre Je danserai si je veux, a provoqué une vive émotion, critique et populaire, pour avoir mis en lumière des tensions fondamentales au sein de la société israélienne, avec des personnages d’habitude invisibles à l’écran. Il narre l’histoire d’une jeune Arabe, Nour, originaire de la ville d’Umm Al-Fahm, dans le district d’Haïfa, qui s’installe en colocation à Tel-Aviv avec deux autres membres de sa communauté. La première vient d’un milieu conservateur, strict sur le plan religieux ; les deux autres veulent davantage profiter de la vie douce qu’offre la cité. Fêtes, drogue, cigarettes, alcool, hommes… les tentations sont nombreuses. Je danserai si je veux met en images des déchirements intimes, qui expriment la tension entre la culture urbaine et celle du village, entre la pratique religieuse stricte et l’hédonisme urbain.

Lire la critique de « Je danserai si je veux » : Article réservé à nos abonnés Trois héroïnes palestiniennes, un seul étendard

La presse israélienne a largement salué ce film émouvant et crédible. Il s’agit « presque d’une version palestinienne de Sex and the City, mais l’enjeu est bien plus grand », notait The Jerusalem Post, le 5 janvier, en soulignant que les salles étaient pleines à craquer. Dans le Haaretz, la journaliste arabe Janan Bsoul, l’une des rares à travailler dans les médias israéliens, expliquait : « Nous sommes doublement opprimées : nous sommes des Palestiniennes, une population faible et victime de discrimination ; et nous sommes des femmes, vivant dans une société patriarcale qui nous voit souvent comme un punching bag pour les hommes, dont l’honneur a été piétiné par l’hégémonie israélienne et qui cherchent quelqu’un à dominer pour retrouver leur virilité. »

Menaces de mort

Maysaloun Hamoud n’a pas reçu que des fleurs et des louanges. La réalisatrice a subi un assaut de critiques violentes, dont la plupart provenaient de sa propre communauté. Certains lui ont reproché d’avoir eu recours à des financements publics de l’Etat hébreu. Les attaques essentielles ont néanmoins été adressées pour des motifs religieux. Maysaloun Hamoud a même reçu des menaces de mort, sans s’en émouvoir, comme s’il s’agissait du prix à payer pour son audace.

La bande-annonce du film

Umm Al-Fahm, où vivent près de 50 000 Arabes, est l’une des plus importantes villes de cette population qui représente près de 20 % des Israéliens. Il s’agit du fief de la branche nord du Mouvement islamique, une organisation que le gouvernement israélien a décidé d’interdire fin 2015 pour incitation à la violence, dans sa défense de la mosquée Al-Aqsa, lieu saint situé sur l’esplanade des Mosquées (Mont du temple pour les juifs), à Jérusalem-Est. Son chef, le cheikh Khaled Saleh, a été remis en liberté en janvier, après neuf mois de prison, mais il est encore visé par d’autres enquêtes.

Dire que le film a été très mal reçu à Umm Al-Fahm est un euphémisme. Le maire de la ville a qualifié la réalisatrice d’« hérétique » et a pris sa plume la plus indignée pour interpeller dans une lettre ouverte la ministre de la culture, Miri Regev. Il a demandé l’interdiction du film, qui offenserait selon lui l’islam en général et les habitants d’Umm Al-Fahm en particulier. Il s’agirait d’une « propagande », qui « déforme le mode de vie traditionnel, conservateur et religieux dans la société arabe », a-t-il écrit.

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