Moins d’un an après leur réconciliation, la Turquie et Israël seraient-ils au bord d’une nouvelle discorde ? Les hostilités ont été ouvertes par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, soucieux d’exercer la « responsabilité historique » de la Turquie dans la région et fidèle au tropisme néoottoman des islamo-conservateurs turcs.
Prenant la parole dans le cadre d’une conférence sur la Palestine à Istanbul, lundi 8 mai, le numéro un turc a critiqué le traitement « raciste et discriminatoire » des Palestiniens par Israël, ainsi que « l’occupation quotidienne de Jérusalem », qui « est une insulte pour nous ». Il s’est fait fort d’inviter « des centaines de milliers de musulmans du monde entier » à se rendre à la mosquée Al-Aksa en soutien au peuple palestinien.
Coutumier des déclarations à l’emporte-pièce, le président turc ne s’est pas arrêté là. Lundi soir, après avoir reçu le premier ministre de l’Autorité palestinienne, Rami Hamdallah, il a exhorté les Etats-Unis à renoncer au projet d’installation de leur ambassade à Jérusalem, tout en appelant de ses vœux la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.
La riposte n’a pas tardé. « Ceux qui violent systématiquement les droits de l’homme dans leur propre pays ne devraient pas donner des leçons à l’unique vraie démocratie de la région », a rétorqué le ministère des affaires étrangères israélien dans un tweet. « Il est étonnant qu’Erdogan, dirigeant d’un Etat qui a occupé Jérusalem pendant quatre cents ans, veuille nous donner des leçons sur la façon de gérer notre ville », a déclaré Nir Barkat, le maire de Jérusalem.
Une relation à ménager
Quel signifie ce changement de ton ? La lune de miel est-elle terminée ? Conclu le 26 juin 2016 après de laborieux efforts, le rapprochement a permis de recoller les morceaux de la relation, rompue en 2010, à la suite de l’assaut des commandos israéliens contre le Mavi-Marmara. L’opération avait provoqué la mort de neuf militants turcs. Le navire avait été affrété par la fondation humanitaire turque IHH, proche de l’AKP, le parti du président Erdogan, pour tenter de briser le blocus de la bande de Gaza.
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