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La robe « colonialiste » de la ministre de la culture israélienne à Cannes

Miri Regev a monté les marches du Palais des festivals avec une robe décorée d’une vue de Jérusalem. Des images détournées pour rappeler la réalité du conflit israélo-palestinien.

Publié le 19 mai 2017 à 17h48, modifié le 12 avril 2018 à 14h32 Temps de Lecture 2 min.

La ministre de la culture israélienne, Miri Regev, le 17 mai à Cannes.

Cela aurait pu être une simple robe de bal, un grand jupon blanc, une « robe de princesse » idéale pour les photos sur le tapis rouge. Mais pour la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, la ministre de la culture israélienne, Miri Regev, ne portait pas une simple robe de soirée. Selon de nombreux internautes, elle arborait au contraire un message politique bien clair : un panorama de Jérusalem imprimé sur sa robe, où l’on aperçoit distinctement le dôme du Rocher sur l’esplanade des Mosquées. Soit la partie arabe de la ville, dite Jérusalem-Est, annexée par Israël pendant la guerre des Six Jours, en 1967.

La robe, dessinée par Aviad Arik Herman, devait, selon un communiqué de presse cité par le quotidien Haaretz, représenter « la beauté de Jérusalem, en l’honneur du cinquantième anniversaire de sa libération et de son unification ». Il s’agit donc, à quelques jours de l’anniversaire de la guerre des Six Jours, d’une réaffirmation du point de vue israélien sur Jérusalem. La ville, selon une déclaration au lendemain du conflit et une loi votée à la Knesset en 1980, est en effet la « capitale éternelle et indivisible » d’Israël. Mais ce statut n’est pas reconnu par la communauté internationale (résolutions 476 et 478 de l’ONU) et la partie Est de la ville est toujours considérée comme occupée.

Les réactions et détournements satiriques n’ont pas tardé à fleurir en ligne. Les internautes proposent une version alternative de la robe où est imprimée une image du mur de séparation, construit en Cisjordanie au cours de l’été 2002 et jugé illégal par la Cour internationale de La Haye le 9 juillet 2004. Voici par exemple le post d’un jeune homme présenté par Haaretz comme un Palestinien d’Israël.

Voici un autre post, d’un Palestinien habitant à Paris (selon son profil Facebook). Le panorama de Jérusalem sur la robe a été remplacé par une vue de la bande de Gaza sous les bombardements.

Dans la presse israélienne, les réactions sont mitigées. Le Jerusalem Post évoque une « déclaration forte à travers la mode », tandis que, dans Haaretz, le journal de gauche israélien, un éditorial de la journaliste Shira Pur dénonce une robe « de mauvais goût, agressive et colonialiste ».

Le choix de cette robe intervient à un moment du conflit qui n’est pas anodin. Miri Regev, connue pour ses prises de position très à droite sur la Palestine ou sur les migrants, est parfois surnommée dans la presse « la Sarah Palin d’Israël ». Outre l’objectif affiché de célébrer la fin de la guerre des Six Jours et la « réunification » de Jérusalem, elle choisit également de revendiquer Jérusalem comme symbole israélien à quelques jours de la première visite du président Trump, qui entame, vendredi 19 mai, sa première grande visite internationale et qui avait déjà évoqué l’idée d’y déplacer l’ambassade américaine – comme toutes les autres, celle-ci se trouve à Tel-Aviv, puisque Jérusalem n’est pas reconnue comme capitale de l’Etat d’Israël.

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