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Frédéric Encel : « Trump n'a pas suffisamment travaillé le dossier israélo-palestinien »

RONEN ZVULUN/AP

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Frédéric Encel fait le bilan de la visite de Donald Trump en Israël. Pour lui, ce voyage visait surtout à affirmer une position fortement anti-iranienne.


Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris et à la Paris School of Business. Il est l'organisateur des Rencontres internationales géopolitiques de Trouville les 27-28 mai 2017.


FIGAROVOX.- Donald Trump s'est rendu en Israël lundi et mardi, dans un contexte toujours tendu, avec une paix israélo-palestinienne qui semble ne jamais devoir voir le jour. Quel était le but de cette visite?

Frédéric ENCEL.- Je pense qu'il a souhaité endosser les habits du président responsable, écouté et influent. De ce point de vue, se rendre dans un pays ami tel qu'Israël comportait très peu de risques! Même les Palestiniens lui feraient nécessairement un bon accueil tant le rapport de force leur est défavorable sur le terrain, face à Israël. Plus structurellement, Trump cherche à renforcer une ceinture stratégique israélo-arabe face à l'Iran et ses alliés dans la région ; un discours de combat lors de sa visite en Arabie saoudite et le vol direct Riyad-Tel Aviv l'illustrent bien.

Trump espère-t-il être celui qui apportera une solution au problème israélo-palestinien?

Bien malin qui pourrait répondre à cette question essentielle! D'abord parce qu'il n'a jamais affiché jusque-là une passion particulière pour ce dossier, ensuite parce qu'il ne paraît pas avoir encore travaillé le dossier. Ses rodomontades de campagne électorale mais aussi - plus gênant - ses récents revirements brouillons sur le transfert de l'ambassade américaine, la solution à deux États ou les implantations laissent à penser qu'il n'est pas prêt. Cela dit, il pourrait vouloir s'investir sérieusement soit pour marquer l'Histoire, soit plus prosaïquement dans l'objectif anti-iranien que j'évoquais.

Quelles ont été les positions défendues par Donald Trump lors de sa visite, notamment lors de son discours? A-t-on assisté à une rupture importante, par rapport au positionnement de Barack Obama?

Manifestement, Trump ne parlera pas beaucoup Droits de l'homme durant son mandat! Quand Obama, en 2009 au Caire, évoquait la bonne gouvernance et les droits humains, son successeur prétend ne pas vouloir donner de leçons au sein de la très répressive Arabie saoudite... Le message est clair, qui renvoie à une tendance réaliste de la diplomatie. Et puis, bien entendu, on a là le choix clair et résolu de l'axe (ou du monde) sunnite contre l'axe russo-chiite, quitte à menacer l'accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015.

Quelles conséquences peut-on espérer de cette visite?

Sur le volet proche oriental, aucune sans implication réelle et sérieuse du président. Car pour l'heure, les positions israélienne et palestinienne sont trop éloignées pour pouvoir espérer une reprise des pourparlers. Sur le volet saoudien, c'est la balance commerciale américaine qui va y gagner!

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