Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le mot de Trump au mémorial de la Shoah et les inévitables comparaisons avec Obama

On se souviendra peut-être de la visite en Israël du président américain à Yad Vashem à travers son commentaire laissé dans le livre d’or.

Publié le 24 mai 2017 à 21h06, modifié le 25 mai 2017 à 09h22 Temps de Lecture 3 min.

Le mot laissé par Donald Trump sur le livre d’or du mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. « C’est un grand honneur d’être ici avec tous mes amis. Tellement génial - je n’oublierai jamais ! » peut-on lire.

Au départ, on a cru à un montage. Un de ces nombreux Photoshop de Donald Trump qui, passé la surprise initiale, se révèlent être des canulars pas très éloignés de la réalité. Une photo a circulé, le 23 mai, d’un mot laissé par Donald Trump sur le livre d’or du mémorial de Yad Vashem, le musée de la Shoah à Jérusalem, qu’il avait visité dans la journée. Il était écrit :

« C’est un grand honneur d’être ici avec tous mes amis. Tellement incroyable – je n’oublierai jamais ! »

L’incrédulité prime. Certains pensent d’abord qu’il ne s’agit pas du message laissé à Yad Vashem, mais de celui écrit dans la résidence du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, où le président américain signe également un « livre des invités ». Il aurait donc laissé ce mot maladroit en un lieu un peu moins solennel.

Mais très vite le doute se dissipe. Raoul Wootliff, correspondant de Times of Israël qui a diffusé la photo sur son compte Twitter, était au mémorial pendant la visite officielle. Puis l’AFP, qui y était également et qui a pris en photo le livre d’or, confirme son authenticité.

Un message en décalage avec le lieu

Comme le souligne The Independent, le texte de Donald Trump est typique du médium préféré du président : Twitter. Il tient en moins de 140 caractères et l’expression « So amazing » rappelle la phrase nominale exclamative, véritable signature d’un président qui ponctue régulièrement ses tweets de « sad ! », « bad ! », « enjoy ! », « fake news », « phony hypocrites ! ».

Ce message pose, symboliquement, plusieurs problèmes. Le ton est particulièrement décalé par rapport au lieu, entièrement dédié au recueillement. Un lieu où brûle une flamme du souvenir, où les arbres portent les noms des « justes », comme on appelle ceux qui ont aidé des juifs à échapper à la déportation, un lieu où, dans une pièce plongée dans l’obscurité, une voix égrène les noms de tous les enfants disparus. Un lieu où il est difficile de ne pas ressentir – du tout – le poids de l’Histoire, à moins de l’avoir traversé les yeux fermés.

En outre, Donald Trump ne nomme pas la tragédie, l’Holocauste, en un lieu qui lui est entièrement consacré. Déjà, le jour de la commémoration internationale de l’Holocauste, la Maison Blanche avait publié un communiqué qui ne mentionnait pas spécifiquement la destruction des juifs d’Europe ni l’antisémitisme. Il y était question de « l’horreur infligée aux innocents » et de « la mémoire de ceux qui ont péri ».

Regrets de l’ancien président

Les moqueries sur Twitter ont ensuite laissé place à un mélange de tristesse et de nostalgie, quand une autre image est apparue, mettant côte à côte le message de Donald Trump et celui de Barack Obama, écrit sur le même livre d’or alors qu’il était encore sénateur de l’Illinois, en 2008.

Il y déploie longuement une prose mesurée, qualifiant Yad Vashem de « rappel puissant de la capacité des hommes à commettre le mal, mais aussi de notre capacité à nous relever des tragédies et à reconstruire le monde ».

Le contraste entre le style des deux présidents, résumé en une image, est frappant. Aux nostalgiques de l’ancien président, le message de l’actuel rappelle, une fois encore, à quel point il est différent de M. Obama, dont l’image d’homme de lettres et d’orateur légendaire reste très appréciée de la presse libérale américaine. Barack Obama avait visité une deuxième fois Yad Vashem en 2013, en tant que président. Son deuxième mot a également vite été retrouvé pour les besoins de comparaison.

Les observateurs médiatiques ont noté que la visite officielle de ce dernier au mémorial avait duré plus d’une heure, alors que Donald Trump est passé en moins d’une demi-heure. De quoi, peut-être, expliquer la teneur des messages écrits. Mais il faut aussi noter que l’ensemble de la visite de l’actuel président en Israël a duré à peine 27 heures. Le discours qu’il a prononcé après la visite a été de la même teneur que celui de son prédécesseur, et salué par M. Nétanyahou.

Pour bien finir de couvrir cette micropolémique, CBS News a déterré les messages d’autres anciens présidents, George W. Bush et Bill Clinton. M. Bush ne fait pas non plus dans la longueur et ne semble pas non plus accablé par le poids du souvenir lorsqu’il écrit un sobre « Dieu bénisse Israël ». Le message de Bill Clinton, qui date de son premier mandat, est, lui, plein d’espoir pour « la paix entre Israël et ses voisins ».

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.