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Au nom des « martyrs », sombres héros de la Palestine

Série « Israël-Palestine, 50 ans d’occupation ». Un culte sans égal est voué à ceux qui sont perçus comme des victimes d’Israël. Qu’ils soient agresseurs ou non.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 01 juin 2017 à 11h48, modifié le 01 juin 2017 à 11h48

Temps de Lecture 6 min.

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Souheir Halabi, mère d’un « martyr » palestinien, devant une stèle à sa gloire, érigée sur les lieux de son ancienne maison. Son fils, Mouhannad, a été tué après avoir poignardé à mort deux Israéliens, en octobre 2015.

Dès l’annonce du crime commis par leur fils, la famille Halabi a appelé les amis à l’aide pour déménager les meubles. Quatre mois plus tard, l’armée ­israélienne est venue détruire la vaste maison qu’elle occupait à Sourda, au nord de Ramallah. Les bulldozers n’ont surpris personne. Ils participent à une partition classique : la punition collective israélienne en représailles aux violences palestiniennes.

Le 3 octobre 2015, Mouhannad, 19 ans, avait poignardé à mort deux Israéliens à l’entrée de la vieille ville de Jérusalem, avant d’être abattu. Il avait ainsi lancé une vague d’attaques palestiniennes, commises par des dizaines de jeunes non encartés, poussés à bout par l’occupation et succombant au mimétisme qu’encouragent les réseaux sociaux. Certains ont voulu l’appeler « troisième Intifada ». L’expression paresseuse a le mérite de traduire une continuité, au fil des décennies : l’idée de sacrifice transmise en héritage, de génération en génération, comme une malédiction. En cinquante ans, entre 800 000 et 1 million de Palestiniens ont été emprisonnés en Israël. Un diplôme de la vie, mais quelle vie ?

Etudiant en droit à l’université ­Al-Qods, Mouhannad était très motivé par la défense de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est. A la maison, la télévision montrait chaque jour les images de croyantes malmenées par les soldats israéliens. « Mon fils avait tout, dit le père, Shafih Halabi. Il était brillant, ne manquait de rien, il allait passer le permis. Mais il a voulu changer la réalité et réveiller les gens. Personne ne pourra me convaincre que son geste était vain. »

Fierté obligée

Entrepreneur dans le bâtiment, Shafih Halabi a 52 ans, son épouse Souheir, 43. Ils vivent actuellement dans une maison louée, dont le salon est dédié à la gloire de leur fils défunt. Affiches, photos, plaques commémoratives offertes par des factions politiques… parents de « martyr », c’est comme une nouvelle peau. Une fierté obligée. Les sentiments intimes des parents se forgent, aussi, dans le regard des autres, dans leur admiration et leur bienveillance.

Le couple attend d’emménager dans une nouvelle maison, à quelques mètres de la précédente, dans laquelle ils créeront une « pièce-musée à la mémoire de Mouhannad ». Un élan de solidarité a permis de récolter 600 000 shekels (plus de 150 000 euros) pour acheter le lieu. « Des gens simples voulaient contribuer, même avec 1 ou 2 shekels, se souvient Souheir Halabi. Dans les rassemblements avec les familles de martyrs, je me sens vraiment unique, exceptionnelle. Mouhannad a fait ce que beaucoup souhaitaient, sans oser agir. »

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