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CULTURE

"Wonder Woman" et son actrice israélienne bloquées aux frontières du monde arabe

Le film “Wonder Woman”, sorti début juin, suscite la polémique dans le monde arabe, en raison du soutien affiché de son actrice Gal Gadot à l’armée israélienne.

L'actrice Gal Gadot, qui campe Wonder Woman, à Hollywood le 25 mai 2017.
L'actrice Gal Gadot, qui campe Wonder Woman, à Hollywood le 25 mai 2017. Frazer Harrison, AFP
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À 76 ans bien sonnés, "Wonder Woman" déchaîne encore les passions. La polémique autour de la super-héroïne créée en 1941 avait déjà pris une nouvelle dimension en octobre, quand plus de 1 000 employés de l’ONU ont signé une pétition pour protester contre le choix du personnage comme figure de proue de la campagne des Nations unies, en faveur de l'émancipation des femmes, au motif que son image était "trop sexualisée" pour le job.

On pourrait penser que ce sont également sa tenue légère et ses courbes voluptueuses, qui ont poussé des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à bannir le blockbuster "Wonder Woman", sorti en salles le 7 juin. Erreur. Ce rejet tient au fait que Gal Gadot, l’actrice qui tient le rôle principal dans le film, est israélienne.

Liban, Algérie, Tunisie...

Le film a d’abord été interdit au Liban. C'est le groupe "Campaign to boycott supporters of Israel in Lebanon" qui y a orchestré les pressions sur les réseaux sociaux pour bannir le film. "Avant toute chose, Gal Gadot est israélienne. Nous ne faisons pas de distinction entre un bon Israélien et un mauvais Israélien", a expliqué Rania Masri, membre du groupe, à Associated Press. L’activiste a indiqué que ce groupe cherchait à décourager toute tentative de normalisation des relations entre le Liban et Israël, officiellement en guerre.

"Wonder Woman" a ensuite été retiré du festival Nuits du Cinéma à Alger. En Tunisie, la première du film a été interrompue, après que le laïc et nationaliste "Mouvement du peuple" et l’association des jeunes avocats tunisiens ont entamé une action en justice pour tenter d’interdire le film.

La Jordanie a envisagé de l’interdire avant de reculer en raison de l’absence de précédent juridique sur la question. Ce qui n’a pas empêché un cinéma populaire de la capitale Amman de présenter ses excuses pour avoir projeté le film, puis d’annuler les autres séances.

Les prises de positions de l’actrice controversées

Ce n’est pas la première fois que des acteurs israéliens jouent dans des films populaires diffusés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais une telle controverse est sans précédent. Les films de la star Natalie Portman, de nationalité israélienne, sont par exemple loin de susciter une telle levée de boucliers dans la région.

Davantage que sa présence dans "Wonder Woman", ce sont les prises de position publiques de Gal Gadot qui ont hérissé. En particulier son soutien à l'armée israélienne lors de son intervention à Gaza en 2014. Le fait que l’ex- Miss Israël ait servi pendant deux ans au sein des Forces de défense israéliennes, comme l'impose la loi, n’a fait que ternir davantage son image.

Gal Gadot n’est cependant pas la première actrice israélienne à être sous le feu des critiques. En 1959, "Ben Hur" avait été interdit par tous les pays de la Ligue arabe au motif que son actrice principale, Haya Harareet, était israélienne.

Dans les années 1960, "Exodus", réalisé par Paul Newman, n'avait pas pu être projeté en Égypte et en Syrie et boycotté dans une grande partie du monde arabe, en raison du soutien de son réalisateur à l'État hébreu.

Dès 1948, date de la création d’Israël, les pays arabes ont régulièrement banni des films dont les acteurs étaient vus comme sionistes, notamment ceux dans lesquels jouaient Danny Kaye, Mickey Rooney ou Elisabeth Taylor.

Mise en cause des normes établies

Rien d’étonnant, cela dit, au vu de la genèse du personnage, à ce que Wonder Woman continue de heurter. Sa création résulte d’une volonté de mise en cause des normes établies. Lorsqu’il a créé le personnage en 1941, le psychologue américain Charles Moulton, de son vrai nom William Moulton Marston, s’est inspiré de son épouse Elizabeth Holloway Marston et de la femme avec laquelle ils vivaient et formaient un ménage à trois, Olive Byrne.

Ses deux compagnes étaient des femmes à poigne et des féministes revendiquées. Elizabeth Marston, psychologue et avocate, fut l’une des trois seules femmes diplômées de son université de droit. Olive Byrne était une étudiante de Willian Marston. Cette militante féministe était la fille d’Ethel Byrne, une pionnière qui a ouvert avec sa sœur Margaret Sanger la première clinique américaine à prendre en charge l’avortement.

Le créateur de Wonder Woman a eu des enfants avec ses deux compagnes, et son épouse a même nommé l’un d’entre eux Olive Ann, par affection pour Olive Byrne. In fine, ni l’anti-anticonformiste du créateur et de son personnage, ni la polémique qui entoure aujourd’hui la sortie du film ne freinent les spectateurs. "Wonder Woman" cartonne au box-office depuis le 7 juin et a déjà rapporté plus de 550 000 millions de dollars à travers le monde.

Cet article a été initialement publié en anglais sur France24.com
 

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