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La justice israélienne ouvre une enquête contre un cadre de l’ONG Breaking the Silence

Dean Issacharoff avait raconté comment, alors qu’il était déployé à Hébron pendant son service, il avait participé à l’interpellation violente d’un Palestinien, qui résistait pacifiquement.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 24 juin 2017 à 10h04, modifié le 24 juin 2017 à 11h08

Temps de Lecture 2 min.

Yehuda Shaul (au centre), de l’ONG Breaking the Silence, s’entretient avec des membres du Parlement européen en visite à Hebron, en février 2016.

Un récit ordinaire, parmi des milliers d’autres, du quotidien militaire de l’occupation en Cisjordanie retient l’atteantion de la justice israélienne. Un porte-parole de l’organisation de vétérans Breaking the Silence (« Rompre le silence ») a été convoqué et interrogé par la police, jeudi 22 juin. La ministre de la justice, Ayelet Shaked, cadre du parti extrémiste le Foyer juif, avait demandé au parquet général de donner une suite aux propos tenus publiquement par Dean Issacharoff, un activiste de Breaking the Silence.

Lors d’une réunion organisée il y a deux mois, celui-ci avait raconté comment, alors qu’il était déployé à Hébron pendant son service, il avait participé à l’interpellation violente d’un Palestinien, qui résistait pacifiquement. « Nous avons là soit un menteur diffamant les forces armées, soit une personne impliquée dans des violences qui doivent faire l’objet d’investigations », a déclaré Ayelet Shaked. Ce brusque intérêt de la ministre pour la vérité serait plus convaincant s’il était partagé par le gouvernement et le parquet militaire, chargé des procédures disciplinaires. Or, dans les 32 enquêtes ouvertes après « Bordure protectrice », la guerre de Gaza à l’été 2014, une seule inculpation a été prononcée. Et ce pour le vol de quelques centaines d’euros.

Campagne de harcèlement

L’enquête inédite qui vise Dean Issacharoff s’inscrit dans le cadre d’une campagne de harcèlement déclenchée il y a deux ans par la droite israélienne contre Breaking the Silence, cette ONG de vétérans documentant l’occupation et les guerres successives dans la bande de Gaza. « Ils s’en prennent à Dean parce que leur but est d’effrayer les autres témoins potentiels de notre organisation, explique Yehuda Shaul, l’un des fondateurs de l’ONG. Mais nous sommes des centaines de membres prêts à être interrogés sur les crimes de l’occupation. Si Mme Shaked veut aller par là, qu’elle commence par moi ! »

Dean Issacharoff, 26 ans, a fait son service militaire entre 2011 et début 2015. Après avoir intégré une unité spéciale anti-tank de la brigade Nahal, il a ensuite servi à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. C’est alors qu’il a découvert à quel point les relations entre l’armée et les quelques centaines de colons fanatiques, vivant au coeur de la vieille ville, étaient imbriquées. Un jour, raconta-t-il au Monde il y a quelques mois, il avait demandé à ses hommes de former un bouclier autour d’une famille palestinienne pour la protéger contre un groupe de colons cherchant la confrontation. Il s’était fait insulter en retour par ces compatriotes civils, habitués à ce que l’armée se place à leur service.

Dean Issacharoff est le fils d’un diplomate israélien chevronné, Jeremy Issacharoff, désigné il y a quelques semaines comme nouvel ambassadeur à Berlin. Or, le sort des ONG israéliennes est justement au coeur des tensions entre Israël et l’Allemagne. Benyamin Nétanyahou avait refusé de recevoir le ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel, lors de sa visite fin avril, parce que celui-ci avait tenu à rencontrer Breaking the Silence et une autre ONG de renom, B’Tselem. Le premier ministre israélien compte aller plus loin, dans l’offensive contre ces organisations. Il veut que la Knesset, le Parlement israélien, interdise tout financement par des gouvernements étrangers.

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