La Dernière Humeur: on a été bien cons avec le professeur Rollin, père de l'humour absurde
- Publié le 30-07-2017 à 20h09
- Mis à jour le 22-11-2019 à 15h20
La Dernière Humeur par Alexis Carantonis.
Ah, c’est sûr qu’il n’ Instagramme pas autant que Kev Adams. Que son plan com est largement moins bichonné que celui de Gad Elmaleh. Pourtant, dans une imméritée discrétion, un immense nom de l’humour francophone vient d’être contraint à dire au revoir à la scène. François Rollin, alias le Professeur Rollin himself .
"Forcé, j’arrête, je jette l’éponge" , a-t-il glissé, lucide et calme, à nos confrères du Monde . "J’ai des compliments, mais que voulez-vous, ça ne se vend pas…" Terribles et très justes mots, posés par l’un des meilleurs manieurs d’entre eux du milieu.
Rollin, père de l’absurde et de la dérision, 30 ans de drolatiques aventures, c’est une aura que bien des humoristes saluent, nommant fréquemment Rollin (ou Dieudonné, dont on a oublié le talent comique inouï, noyé dans tant de polémiques antisémites) comme le "patron" de l’humour. Seulement, le professeur fait partie de ces talents bruts artistiques, romantiques, mais plus en phase avec l’économie de leur époque. Alors qu’il est le père spirituel d’Arnaud Tsamère ou Vincent Dedienne, 100 dates pour sa dernière tournée, le professeur n’en a décroché que quatre…
Monumentalisé par ses pairs, adulé de tous les âges, mais économiquement défaillant, Rollin est tout ce qui n’est plus bankable : une intelligence classe, une gentille absurdité décalée. Pardon professeur, on a été cons. C’est bon, vous revenez ?