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Deux enseignants turcs en grève de la faim depuis cinq mois

La Cour européenne des droits de l’homme a rejeté la demande de libération de Semih Özakça et Nuriye Gülmen, radiés de l’éducation nationale et emprisonnés.

Par  (Istanbul, correspondante)

Publié le 08 août 2017 à 11h04, modifié le 08 août 2017 à 11h04

Temps de Lecture 2 min.

Manifestation de soutien à Semih Özakça et Nuriye Gülmen, à Ankara, le 6 juillet.

Incarcérés à la prison de Sincan, à Ankara, pour avoir osé protester contre leur radiation de l’éducation nationale, les jeunes enseignants Semih Özakça et Nuriye Gülmen ont entamé, mardi 8 août, leur cent cinquante-quatrième jour de grève de la faim. Limogés par des décrets-lois de l’état d’urgence, instauré à la suite du putsch manqué du 15 juillet 2016, l’instituteur et la maître assistante à l’université ont protesté pendant des semaines sur une avenue du centre d’Ankara pour réclamer leur réintégration, ce qui leur a valu d’être arrêtés.

Désormais accusés d’appartenir au Front du parti révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), une organisation responsable de plusieurs assassinats et attentats, ils risquent jusqu’à vingt ans d’emprisonnement. Mobilisés, leurs avocats se sont adressés à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour réclamer la fin de leur détention provisoire. Mercredi 2 août, la Cour a rejeté leur demande de mise en liberté. La détention à l’hôpital de la prison de Sincan ne fait pas « peser sur eux un risque réel et imminent de dommage irréparable pour leur vie ou leur intégrité physique », ont estimé les juges de Strasbourg, leur suggérant de « cesser leur grève de la faim ».

« Isolement total »

Esra Özakça, la femme de Semih, n’en revient pas. « Cette décision m’a complètement retournée. Malgré plusieurs rapports médicaux disant que leurs vies sont en danger, la CEDH ne semble pas s’être placée d’un point de vue humanitaire. Or, leurs vies ne tiennent qu’à un fil, la justice doit les libérer », explique la jeune femme, elle aussi enseignante, elle aussi limogée. La Cour stipule avoir statué à la lumière des rapports rédigés par les médecins de l’hôpital de la prison de Sincan et de l’hôpital de Numune où les prévenus ont été examinés, le 28 juillet. Elle souligne toutefois que les prisonniers « ne peuvent pas continuer à vivre sans assistance » et enjoint au gouvernement turc d’en tenir compte.

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Mme Özakça espère qu’une assistance leur sera fournie pour la toilette, les déplacements, les examens médicaux. « Pour le moment, c’est loin d’être le cas. Semih et Nuriye sont laissés dans un isolement total », déplore-t-elle. Elle a pu voir son mari une seule fois depuis son incarcération, le 23 mai. Comme eux, 33 000 autres enseignants ont été limogés sans explication après la tentative de coup d’Etat. La vie et la carrière de millions de personnes sont suspendues à la publication des décrets-lois de l’état d’urgence, des listes de noms transmises aux autorités sur la base de dénonciations.

Au total, depuis la tentative de renversement du président Recep Tayyip Erdogan, plus de 120 000 fonctionnaires ont été révoqués par décret et 50 000 personnes ont été emprisonnées. En Turquie, le sort des grévistes de la faim est un sujet tabou. Pour avoir organisé récemment des manifestations de soutien à Semih Özakça et à Nuriye Gülmen, la présidente de l’Association des droits de l’homme (IHD) pour Istanbul, Gülseren Yoleri, ainsi que quatorze autres militants, sont en garde à vue depuis le 5 août.

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