Charline et l’air de la montagne: retour sur la préparation de la judokate
Elle s’est offert une préparation musclée en Corse, en Israël et à… Aups, dans les gorges du Verdon.
- Publié le 28-08-2017 à 18h10
- Mis à jour le 29-08-2017 à 13h04
Elle s’est offert une préparation musclée en Corse, en Israël et à… Aups, dans les gorges du Verdon. Accompagnée de son entraîneur personnel, le Français Dimitri Dragin, Charline Van Snick (-52 kg) est arrivée, ce dimanche, en fin d’après-midi, dans la capitale hongroise. Après une dernière semaine d’affûtage, elle s’est concentrée sur son premier combat : le poids !
Car, même si elle est montée de catégorie, passant des -48 kg au -52 kg, Charline ne perd jamais de vue sa balance. Et ce, d’autant qu’elle sort d’une préparation assez… musclée.
Déçue par son élimination au premier tour des Championnats d’Europe, fin avril, à Varsovie, la Liégeoise n’est plus apparue en compétition depuis lors, préférant travailler sa condition physique, ce dont elle fut empêchée, en début d’année, à cause d’une entorse du péroné.
"Varsovie fut un moment très délicat à vivre parce que je ne me suis pas reconnue sur le tatami. J’étais fatiguée, anormalement amorphe. Avec Dimitri, j’en ai tiré les enseignements. Malgré mes bons résultats, à Bakou et à Casa , j’étais encore trop court physiquement. C’est pourquoi j’ai renoncé à toute compet , entre autres au Mexique, et je suis partie en Corse avec mon préparateur physique, Jérôme Delaigues. Là, nous avons jeté les bases de la deuxième moitié de cette saison avec ce Mondial comme principal objectif. Ce que j’avais d’ailleurs annoncé dès novembre…"
Partie à la montagne, Charline a joint l’utile à l’agréable, découvrant de formidables paysages lors de longues marches. "C’était dur ! Physiquement et mentalement… Mais je pense que je devais passer par là pour espérer retrouver mon niveau. Attention : je ne prétends pas à un rôle de favorite dans cette nouvelle catégorie. Je la découvre encore… Mais j’ai l’impression d’avoir vraiment tout mis en œuvre pour arriver au meilleur de ma forme ce mardi, le jour J pour moi."
Après la Corse, Charline s’est retrouvée en stage à Marseille, à Barcelone, en Israël et à… Aups, dans les célèbres gorges du Verdon. "Ce fut un peu par hasard, mais j’y ai passé d’excellents moments avec des partenaires de qualité sur le tatami, dans un superbe environnement. Je me suis libéré l’esprit, tout en étant concentrée sur mon objectif. Contrairement à l’ Euro , où j’étais stressée et fatiguée, je suis arrivée ici, à Budapest, sans véritable pression."
Celle-ci viendra immanquablement lors de sa montée sur le tatami, ce mardi, au deuxième tour puisque notre compatriote a été exemptée du premier. Et, sauf énorme surprise, ce sera contre la Hongroise Pupp (21 ans), une adversaire qu’elle a déjà battue, en… -48 kg, l’an dernier, à Paris. Si elle passe, Charline pourrait, ensuite, retrouver l’Israélienne Cohen, qu’elle a également déjà vaincue, en -52 kg cette fois, en mars, à Bakou.
Mais stop, pas de judo fiction ! Ce n’est pas le genre de la Liégeoise de voir plus loin que son premier combat. L’expérience lui a effectivement appris à se montrer prudente…
Il faut pouvoir saisir sa chance !
Le tirage au sort a été relativement favorable à Charline Van Snick qui se retrouve dans le quatrième quart du tableau en -52 kg avec, pour tête de série, l’Israélienne Cohen, qu’elle a battue en mars, à Bakou. La Liégeoise a donc évité le monstre kosovar Majlinda Kelmendi, championne olympique, double championne du monde et triple championne d’Europe ! Si Charline parvient à écarter la Hongroise Pupp, à confirmer face à Cohen, elle retrouvera sans doute une autre Kosovare en la personne de Distria Krasniqi, qu’elle n’a jamais rencontrée. Compte tenu des circonstances, Charline doit pouvoir saisir sa chance ! Une réflexion qui vaut également pour Kenneth Van Gansbeke en -66 kg. Le Gantois sera opposé au Slovène Jereb, un adversaire face auquel son bilan est en équilibre avec une victoire partout, même si celle du Slovène est plus récente…
Bientôt 27 ans, dont 20 de judo…
Le judo, Charline est tombée dedans quand elle était petite… Il est vrai que, dans la famille Van Snick, ce sport de combat est une religion ! Le père, Marc, la mère, Anne, Charline et ses deux frères, Arnaud et Axel, le pratiquent ou l’ont pratiqué, chacun à son niveau. "J’ai débuté le judo à l’âge de sept ans alors que je pratiquais déjà la gym, la danse et l’escalade ! La discipline m’a d’emblée plu…", se souvient Charline. Au point de laisser tomber les autres sports au fur et à mesure qu’elle grandissait (une façon de parler…) et progressait. Avec son format de poche (1,57 m pour 48 kg, à l’époque !), la Liégeoise ne tarda pas à monter sur les podiums au niveau national, d’abord, international, ensuite. Née le 2 septembre 1990, Charline fêtera, samedi, ses 27 ans, dont 20 de judo… L’occasion de partager sa passion et son expérience, lors d’un tour de Belgique (francophone) des clubs, qu’elle débutera dimanche, chez elle, à Blégny. "De nombreux clubs ont répondu à ma proposition de donner un entraînement. J’en suis heureuse puisqu’il y a une dizaine de dates prévues. Tous mes vendredis soir et samedis du mois de septembre sont d’ores et déjà réservés !" Et qu’est-ce que ce sera si elle décroche une médaille lors de ce Mondial, ici, à Budapest ?
"Le stress est mon pire ennemi"
À 27 ans, Kenneth Van Gansbeke (-66 kg) est l’un des judokas les plus expérimentés de la délégation belge avec, bien sûr, Dirk Van Tichelt, Joachim Bottieau et… Charline Van Snick. Mais, au niveau du palmarès, le Gantois accuse un sérieux retard sur ses coéquipiers.
Kenneth n’est, en effet, jamais monté sur un podium européen ou mondial. Encore moins olympique… "En fait, il s’agit ici de mon premier Mondial !", surprend-il. "J’ai été sélectionné deux fois, mais je me suis blessé, les deux fois, lors de la préparation… Alors, vous pensez si je suis content d’être ici, à Budapest, après une longue prépa , au cours de laquelle nous avons été en stage à Spa, à Houlgate, à Papendaal et à Jodoigne. Et tout ça, enfin sans blessure. Je suis donc fin prêt pour vivre ma première expérience."
Né à Gand, habitant Bruges, Kenneth a révolutionné sa vie, l’hiver dernier, en passant sous le giron francophone avec, pour camp de base, Louvain-la-Neuve. "J’y loge trois ou quatre jours par semaine, puis je rentre à Bruges retrouver ma copine, Lotte, une ancienne judoka. Ce fut une décision délicate à prendre, mais je pense que j’ai opéré le meilleur choix pour moi. À la FFBJ, les entraîneurs sont sur le tatami, proches des judokas. Leur feed-back est plus rapide que celui que j’avais auparavant. Je me sens beaucoup mieux."
Il est vrai que, l’an dernier, ce militaire de carrière, comme Toma Nikiforov, était passé à deux doigts de Rio 2016 et qu’il veut mettre tous les atouts dans son judo pour ne pas manquer Tokyo 2020. Mais, pour arriver à ses fins, Kenneth devra concrétiser en compétition les énormes qualités constatées à l’entraînement. "Je sais, je suis souvent très stressé lorsque je monte sur le tatami. C’est frustrant ! Mais je travaille cet aspect avec un psychologue et j’espère que le déclic viendra tôt ou tard, le plus tôt étant le mieux, bien entendu."