C’est à une violente agression et à une séquestration qu’ont été confrontés trois membres d’une même famille de confession juive, à leur domicile de Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis, dans la matinée du vendredi 8 septembre. Une agression qui a suscité une forte émotion au sein de la communauté juive dès qu’elle a été rendue publique, samedi, par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme.
Une enquête en flagrance a immédiatement été ouverte par le parquet de Bobigny pour les chefs de vol et extorsion en réunion avec violence en raison de la religion des victimes, ainsi que pour le chef de séquestration. Elle a été confiée à la sûreté départementale. Le « racisme et l’antisémitisme (…) n’ont pas leur place dans la République française », a dénoncé le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, en fin de week-end.
Selon les premiers éléments de l’enquête, corroborés par les déclarations des trois membres de la famille, les auteurs présumés de l’agression ont visé leurs victimes d’abord et avant tout en raison de leur religion. « Vous êtes juifs, donc où est l’argent ? (…) Vous êtes juifs donc vous avez de l’argent », auraient-ils crié, a rapporté leur avocat Marc Bensimhon. Le père de famille, Roger Pinto, est une personnalité très engagée de la communauté, président de Siona, une association active dans de nombreux projets politiques et culturels.
« Victime des préjugés antisémites »
Le déroulé des faits demeure néanmoins, à ce stade, encore relativement flou, selon une source proche du dossier. Les victimes, âgées de 84 et 74 ans, ainsi que leur fils, né en 1969, ont bien été entendues par les enquêteurs, mais elles étaient encore sous le choc. Même si elles se sont par la suite largement exprimées dans les médias, leurs auditions par la police ont été succinctes. Les auteurs présumés de l’agression, plusieurs hommes, possiblement au nombre de trois, ont pour leur part pris la fuite. Ils sont toujours activement recherchés.
D’après les éléments recueillis jusqu’à présent, les agresseurs se seraient introduits en début de matinée, vendredi, dans la maison des victimes, située dans une petite rue pavillonnaire. Ils les auraient ensuite insultées, frappées, puis ligotées pour certaines, avant de repartir avec de l’argent trouvé sur place. Un butin relativement maigre néanmoins, de « quelques centaines d’euros », selon nos informations.
Sans attendre les évolutions de l’enquête, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Francis Kalifat, a immédiatement dénoncé « cet acte odieux », « preuve si besoin en est, que les juifs de France sont particulièrement menacés dans la rue et depuis quelque temps au sein même de leur domicile, ce qui est encore plus inquiétant ». « Roger Pinto a été victime des préjugés antisémites des banlieues », a estimé de son côté le président du Consistoire, Joël Mergui.
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