Depuis la fracture en 2007 entre le Hamas et le Fatah du président Mahmoud Abbas, le décalage entre les intentions écrites et les actes a toujours été considérable. Le communiqué publié dimanche 17 septembre par le mouvement islamiste armé, qui contrôle la bande de Gaza, offre un léger espoir, sans aucune certitude de lendemain, en vue d’une réconciliation entre factions palestiniennes. Grâce à l’intervention vigoureuse de l’Egypte, et à la veille d’une semaine diplomatique marquée par l’Assemblée générale de l’ONU, le Hamas a accepté, de façon unilatérale, de dissoudre le comité administratif qu’il avait mis en place en mars pour expédier les affaires courantes sur son territoire.
Cette initiative avait été perçue par Mahmoud Abbas comme un nouveau défi à son encontre. Depuis, l’Autorité palestinienne (AP) a exercé une pression financière sans précédent sur la bande de Gaza, dont la première victime a été la population civile, déjà soumise au blocus égyptien et israélien. La situation humanitaire y est dramatique. Les médicaments manquent, l’électricité n’est accessible qu’une poignée d’heures par jour, les eaux usées sont déversées dans la mer, faute de traitement. L’AP avait décidé de réduire de façon spectaculaire les salaires de dizaines de milliers d’employés des différentes administrations.
Signal de réalisme
Dimanche, le Hamas a adressé un message d’ouverture à l’attention de Ramallah, en se pliant à ses demandes. Il « donne son accord pour entamer des discussions sur la réconciliation et pour organiser des élections générales », précise le communiqué. Les factions réclament depuis des années ce rendez-vous démocratique, mais, dans le même temps, tout le monde se rejette la responsabilité de son report sans fin. Pas plus de certitudes cette fois-ci, d’autant qu’aucune modalité d’un retour de l’AP à Gaza n’est précisée à ce stade.
Mais le geste pourrait convaincre Mahmoud Abbas de desserrer l’étreinte financière et de reprendre par exemple la totalité du paiement de l’électricité que les Israéliens fournissent à la bande de Gaza. C’est aussi un signal de réalisme adressé par la nouvelle direction du mouvement, qui souffre d’isolement malgré la publication d’une nouvelle charte, à la façade idéologique repeinte. Certains experts israéliens s’interrogent même sur la possibilité d’obtenir un cessez-le-feu à long terme avec le Hamas.
L’annonce faite par le mouvement armé intervient après une semaine de discussions intenses, qui devraient reprendre dans une dizaine de jours, une nouvelle fois au Caire, le Qatar, où s’étaient tenues de premières rencontres, étant devenu une base arrière moins fréquentable depuis que les Etats du Golfe l’ont pris pour cible. Le chef du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyeh, s’est rendu dans la capitale égyptienne, de même qu’une délégation du Fatah. Une sortie de crise était recherchée depuis plusieurs semaines. A la fin du mois d’août, le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, avait annoncé que l’AP renonçait à pousser à la retraite anticipée environ 6 000 employés à Gaza.
Trouver un compromis entre factions palestiniennes
L’escalade décidée depuis le printemps par Mahmoud Abbas avait provoqué l’incompréhension de nombreux partenaires occidentaux de l’Autorité palestinienne. « Sa stratégie n’a pas atteint ses buts, elle n’a pas conduit au retour du gouvernement d’unité à Gaza, expliquait au Monde il y a quelques jours Nikolaï Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix. On voit que Gaza et la Cisjordanie sont plus éloignées que jamais. Ça fait plus de dix ans que d’innombrables tentatives de réconciliation ont échoué, parce qu’elles n’ont pas traité la question centrale : trouver un compromis entre factions palestiniennes pour restaurer une seule autorité légitime et démocratique sur les deux territoires. »
Après dix ans d’entente introuvable, le raïs était irrité ces temps-ci par les critiques sur sa stratégie de force, explique une source au sein de l’Organisation de libération de la Palestine. « Avec le Hamas, il ne comprend l’idée de compromis que comme une reddition », confirme un diplomate étranger à Jérusalem. Son intransigeance était accentuée par l’alliance improbable conclue entre le Hamas et Mohammed Dahlan, ancien dirigeant du Fatah et rival du président. Soutenu par les Emirats arabes unis, l’ex-chef du Service de sécurité préventive à Gaza s’est aussi attiré les faveurs égyptiennes, Le Caire l’imaginant en successeur de Mahmoud Abbas, à terme. Pour l’heure, l’homme d’affaires espère obtenir des Egyptiens une réouverture régulière du poste de passage de Rafah. Celui-ci a fonctionné quatre jours, à la fin d’août, mais le phénomène reste épisodique.
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