Nobel de la paix aux antinucléaires : un pied de nez au club fermé des puissances nucléaires

Nobel de la paix aux antinucléaires : un pied de nez au club fermé des puissances nucléaires
La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) mène un combat inlassable pour l'interdiction et l'élimination de ces armes. (BRITTA PEDERSEN/AP/SIPA)

Etats-Unis, Russie, Corée du Nord, France, Grande-Bretagne, Chine, Pakistan, Inde et Israël concentrent tout l'arsenal nucléaire de la planète.

Par Le Nouvel Obs
· Publié le · Mis à jour le
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Sur fond d'escalade des tensions entre Washington et Pyongyang après le sixième essai nord-coréen, le comité d'Oslo a décidé ce vendredi 6 octobre d'attribuer le Nobel de la paix aux acteurs de la campagne antinucléaire ICAN, consortium d'ONG qui œuvre au quotidien pour le désarmement nucléaire.

Leur principal combat ? Obtenir l'interdiction et l'élimination des 15.000 ogives nucléaires recensées dans le monde. Environ 4.000 sont actuellement déployées et prêtes à l'emploi, selon les estimations de la Fédération des scientifiques américains (FAS).

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Alors comment lire cette récompense ? Comme un pied de nez au cercle très fermé des puissances nucléaires ? Pendant la cérémonie d'annonce du lauréat, un journaliste a demandé à Berit Reiss-Andersen, la présidente du comité, quel était le message politique de ce Nobel. Consensuelle, elle n'a nommé personne mais a fermement exhorté chaque puissance nucléaire à entamer des "négociations sérieuses" en vue d'éliminer leur arsenal.

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9 puissances pointées du doigt

Or, plus de 90% du stock mondial d'armes atomiques est entre les mains de la Russie et des Etats-Unis, qui forment avec sept autres pays - Corée du Nord, France, Grande-Bretagne, Chine, Pakistan, Inde, Israël - le club très fermé des puissances nucléaires. 

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Le Nobel de la paix attribué à la campagne antinucléaire ICAN

Jusqu'ici, seuls les Etats-Unis ont eu recours à l'arme nucléaire, les 6 et 9 août 1945, contre les villes japonaises d'Hiroshima (140.000 morts) et Nagasaki (70.000 morts). Ces deux bombardements ont précipité la capitulation du Japon et la fin de la Seconde guerre mondiale.

La présidence de Donald Trump "met en lumière" le risque nucléaire dans le monde, a par ailleurs estimé vendredi la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN), après avoir obtenu le prix Nobel de la paix. "L'élection du président Donald Trump a mis beaucoup de gens très mal à l'aise, à l'idée qu'il peut, à lui seul, autoriser l'utilisation des armes nucléaires", a déclaré aux médias la directrice de l'ICAN, Beatrice Fihn, critiquant le fait que le nouvel occupant de la Maison Blanche avait montré qu'il "n'écoute pas" toujours les experts.

Signé en 1968 et entré en vigueur en 1970, le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) engage les cinq détenteurs officiels de la bombe atomique - Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine - à ne pas transférer de technologie militaire nucléaire à d'autres pays. Le TNP interdit par ailleurs aux pays non dotés d'armes nucléaires de s'en procurer ou d'en fabriquer. Certains pays ont depuis renoncé à leur programme nucléaire militaire, comme la Suède (1968), la Suisse (1969), l'Afrique du Sud (1991) et les ex-républiques de l'Union soviétique.

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Quatre puissances officieuses

Malgré le Traité de non-prolifération, quatre Etats se sont dotés officieusement de la bombe nucléaire : le Pakistan, l'Inde, Israël (qui n'a jamais ni confirmé ni démenti détenir l'arme atomique), non signataires du traité, et plus récemment la Corée du Nord, qui s'est retirée du TNP en 2003.

Parmi les scientifiques accusés d'avoir participé à la prolifération atomique figure le pakistanais Abdul Qadeer Khan, considéré comme un héros au Pakistan pour avoir fourni au monde musulman sa première bombe nucléaire. En 2004, il avait avoué avoir vendu des secrets nucléaire à l'Iran, à la Libye et à la Corée du Nord. Il s'était rétracté en 2009 après avoir été placé plusieurs années en résidence surveillée.

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L'Iran, lui, constitue un cas particulier. Soupçonné par la communauté internationale de chercher à développer l'arme atomique dans les années 2000, Téhéran a conclu en juillet 2015 un accord avec les grandes puissances garantissant le caractère civil de son programme nucléaire, en échange d'une levée sur dix ans des sanctions internationales.

Un accord qui pourrait être modifié sous l'influence du nouveau locataire de la Maison-Blanche...

(Avec AFP)

Le Nouvel Obs
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