Chaque mot a été âprement négocié. Le résultat final n’en reste pas moins important et risque de susciter la fureur du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui ne dissimule pas son mépris pour l’Union européenne.
Pour la première fois, des membres de l’UE ont décidé de formaliser leur frustration par écrit, après la destruction d’équipements scolaires et la confiscation de panneaux solaires qu’ils avaient financés, en Cisjordanie. Il ne s’agit pas d’une simple protestation, mais d’une demande de compensation pour le préjudice subi, soit 31 252 euros. « Nous espérons toujours que nos demandes de restitution pourront être satisfaites sans préconditions dès que possible, sinon Israël devra fournir une compensation sans tarder », écrivent les signataires d’une lettre qui doit être remise les jours prochains au ministère israélien des affaires étrangères, et dont Le Monde a eu connaissance.
Ces pays – Belgique, France, Italie, Espagne, Suède, Luxembourg et Irlande – sont, avec le Danemark, les bailleurs d’un consortium humanitaire européen, qui intervient en urgence, par le biais d’un groupe d’ONG, auprès des communautés menacées de déplacement forcé par Israël, en zone C (60 % de la Cisjordanie) et à Jérusalem-Est. Au premier rang de ces communautés figurent les Bédouins.
« Obstruction »
« La pratique de mesures coercitives comme les démolitions et les confiscations de biens humanitaires, dont des infrastructures scolaires, et l’obstruction à l’acheminement d’assistance humanitaire sont contraires aux engagements [d’Israël] du point de vue du droit international […] et causent des souffrances aux Palestiniens ordinaires », notent les signataires. Lundi 16 octobre, le Danemark était le seul membre du consortium à ne pas avoir encore donné son aval à la démarche. L’Union européenne attendait elle-même l’unanimité pour suivre.
Dans la lettre, les membres du consortium font référence à deux événements survenus au cours de l’été. Le 9 août, l’administration civile israélienne, qui contrôle la zone C, a démantelé et confisqué dix panneaux solaires qui alimentaient la garderie et l’école à Abou Nouwar, près de Jérusalem. Au total, 90 enfants en ont été affectés. Puis, le 22 août, six salles de classe en préfabriqué, installées dans la communauté de Jubbet Al-Dhib, près de Bethléem, ont été démontées et saisies, à la veille de la rentrée scolaire, pour 64 enfants.
Fin juin, dans ce même village non connecté au réseau électrique, Israël avait confisqué 96 panneaux solaires installés par les Pays-Bas pour un montant de près de 500 000 euros. Ils ont été restitués début septembre, après de vives protestations politiques.
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