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Vaste opération d'Israël contre "la haine" dans les médias palestiniens

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Des employés palestiniens devant un ordre militaire de fermeture de leur média à Hébron en Cisjordanie, le 18 octobre 2017-AFP/HAZEM BADER
Des employés palestiniens devant un ordre militaire de fermeture de leur média à Hébron en Cisjordanie, le 18 octobre 2017-AFP/HAZEM BADER

Les forces israéliennes ont mené mercredi une vaste opération contre le secteur des médias palestiniens à travers toute la Cisjordanie, fermant des sociétés accusées de contribuer aux violences en fournissant leurs services au Hamas, ennemi d'Israël.

Les descentes opérées avant l'aube dans les principales villes de Cisjordanie occupée semblent constituer l'une des plus vastes opérations du genre depuis longtemps, même si l'armée israélienne conduit des raids ou ferme régulièrement les bureaux de radios ou de télévisions de Cisjordanie, en leur imputant de propager la haine des Israéliens.

L'armée et la sécurité intérieure (Shin Beth) israéliennes ont frappé moins de 24 heures après une déclaration vigoureuse du gouvernement de Benjamin Netanyahu répudiant la réconciliation en cours entre les rivaux du Hamas et du Fatah, les deux principales formations palestiniennes.

Alors que le Hamas et le Fatah devraient prochainement engager des discussions pour former un gouvernement d'unité, le cabinet restreint de sécurité israélien a prévenu qu'il ne négocierait pas avec un gouvernement palestinien qui comprendrait le Hamas si ce dernier ne rendait pas les armes, ne renonçait pas à la violence et ne reconnaissait pas Israël.

Le cabinet de sécurité n'a annoncé aucune mesure de rétorsion concrète face au rapprochement entre anciens frères ennemis, dont l'un (le Fatah) domine l'Autorité palestinienne reconnue comme interlocutrice par Israël, et l'autre (le Hamas) est considéré par l'Etat hébreu comme une organisation terroriste à laquelle l'ont opposé trois guerres depuis 2008.

- 'Protégez votre famille' -

Une employée devant une affiche placardée sur un mur de son média par les troupes israéliennes à Naplouse en Cisjordanie le 18 octobre 2017-AFP/JAAFAR ASHTIYEH
Une employée devant une affiche placardée sur un mur de son média par les troupes israéliennes à Naplouse en Cisjordanie le 18 octobre 2017-AFP/JAAFAR ASHTIYEH

Mais, avant le lever du jour, les forces israéliennes se sont rendues dans les bureaux de sociétés de production et de compagnies opérant dans le domaine des médias à Ramallah, Hébron, Naplouse et Bethléem. Elles ont placardé sur les portes d'au moins deux de ces sociétés des ordres de fermeture prévenant, en arabe: "N'apportez pas votre soutien au terrorisme ou aux incitations à la haine. Ainsi vous garderez votre gagne-pain et protégerez votre famille".

Huit sociétés ont été visées, a indiqué sur Facebook le général Yoav Mordechai, à la tête d'une unité coordonnant une partie des activités israéliennes dans les Territoires palestiniens. Elles sont accusées d'avoir fourni leurs services à Al-Aqsa TV et à Al-Quds TV, deux chaînes du Hamas, a-t-il dit.

Al-Aqsa et Al-Quds "diffusent en permanence des incitations à la haine contre l'Etat d'Israel. Ce n'est un secret pour personne que ces deux chaînes ont inspiré à plusieurs reprises des terroristes qui s'en sont pris à des innocents", a-t-il ajouté.

Selon un responsable du syndicat des journalistes palestiniens, ce sont trois sociétés de production, Palmedia, Ramsat and Transmedia, qui ont été fermées. Les forces israéliennes ont saisi du matériel et arrêté deux personnes, y compris le responsable de l'une de ces compagnies, a-t-il dit.

Un cadre de Palmedia a indiqué à l'AFP sous couvert de l'anonymat que trois des cinq bureaux de la société, à Hébron, Naplouse et le siège de Ramallah, avaient été effectivement fermés et que les deux autres étaient probablement visés par la décision de fermeture.

Cinquante personnes se retrouvent sans travail, a-t-il dit.

- 'Agression flagrante' -

Il a contesté les accusations israéliennes. Palmedia ne fournit aucun contenu à ses dizaines de clients, palestiniens, arabes et internationaux, mais seulement un soutien technique et humain en mettant à disposition du matériel, des vidéastes ou des moyens de transmission, a-t-il assuré. Palmedia n'est donc pas responsable de leurs contenus, a-t-il dit.

La fermeture "menace l'existence même des médias palestiniens et leur faculté à assumer le devoir de porter la voix de la Palestine à travers le monde", a dit dans un communiqué Palmedia, affiliée à la compagnie de télécoms Paltel.

L'Autorité palestinienne, entité internationalement reconnue censée préfigurer un Etat indépendant, a condamné l'opération "dans les termes les plus forts".

Cette opération constitue une "agression flagrante et une violation grossière de toutes les règles internationales", a dit Youssef al-Mahmoud, porte-parole du gouvernement émanant de l'Autorité.

Les autorités israéliennes dénoncent constamment une culture d'encouragement à la violence dans les Territoires palestiniens, responsable selon elles de la persistance des attaques anti-israéliennes.

Les autorités palestiniennes leur retournent l'accusation. Elles imputent la persistance des violences à la poursuite de l'occupation et de la colonisation israéliennes et à l'absence imputée à Israël de tout horizon pour résoudre le conflit.

La communauté internationale voit dans l'effort actuel de réconciliation palestinienne une chance de recréer une perspective de règlement, alors que les négociations sont embourbées depuis plus de trois ans.

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