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Pour l'auteur de Sapiens, l'intelligence artificielle va détruire la plupart des emplois

L'essayiste Yuval Noah Harari, professeur d'histoire à l'Université hébraïque de Jérusalem et gourou du transhumanisme, estime probable l'effondrement des démocraties.

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Yuval Noah Harari, l'auteur du best-seller "Sapiens, une brève histoire de l'humanité" et de "Homos Deus, une brève histoire de l'avenir".

Yuval Noah Harari, l'auteur du best-seller "Sapiens, une brève histoire de l'humanité" et de "Homos Deus, une brève histoire de l'avenir".

SIPA

Yuval Noah Harari, essayiste à succès, auteur du bestseller mondial (8 millions d’exemplaires) Sapiens, une brève histoire de l’humanité et de Homos Deus, une brève histoire de l’avenir, sorti le 6 septembre chez Albin Michel, a prodigué ses conseils au président de la République. C’était lors d’un dîner organisé à l’Elysée le 11 septembre dernier. Après son discours d’Athènes et avant qu’il ne s’envole pour les Antilles dévastées, Emmanuel Macron a disserté avec l’intellectuel sur l’avenir de la démocratie et l’avènement de la machine. La tournée de promotion parisienne, très haut de gamme, de Yuval Noah Harari comprenait aussi une conférence en petit comité au Collège des Bernardins.

La commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager, engagée dans un combat contre l’oligarchie des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), et Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, qui numérise à marche forcée la distribution de ses produits, étaient présents pour écouter dans un silence religieux l’oracle de l’Université hébraïque de Jérusalem leur annoncer la fin d’un monde.

Politique d’abord, puisque, comme à Emmanuel Macron, il leur a expliqué qu’un « effondrement des démocraties, similaire à celui du communisme n’est pas à exclure ». En réalité, ce ne sera qu’une péripétie au regard de la révolution qui arrive, et est déjà bien entamée. Celle qui, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, va créer pour toujours une « société inégalitaire ». Fin donc de la petite parenthèse historique démocratique qui a tenté vainement « de créer une société égalitaire entre les classes, entre les races ». La révolution industrielle en cours creusera les écarts entre les pauvres et les riches, les travailleurs non qualifiés et les autres…

« Nous allons avoir le pouvoir de produire des cerveaux et des corps, une première dans l’histoire de l’humanité, explique l’auteur de Homo Deus, mais cette capacité sera réservée à un petit nombre de pays. » Ces « nations numériques » domineront le monde à la faveur d’une révolution industrielle, « comme le firent les puissances coloniales à la fin du XIXe siècle ». Au sein même des pays développés numériquement dominera une « aristocratie numérique », avec la création « d’êtres humains biologiquement supérieurs ».

La défaite d'une humanité asservie

Et paraphrasant Francis Fukuyama, Harari évoque alors une fin de l’histoire. Non pas avec le triomphe d’un monde libre, mais bien celui de la défaite d’une humanité asservie et « des fossés impossibles à refermer ». Les masses, toujours là pour former des bataillons de soldats et de travailleurs, n’auront plus d’utilité, puisque les robots truffés d’IA feront la guerre et produiront des biens pour l’élite humaine augmentée. « La plupart des emplois seront détruits, même s’il faudra un peu de temps pour en finir avec les médecins, par exemple. » Les victimes de cette mutation sociale seront ceux qui sont aujourd’hui les plus déshérités. Un désastre s’annonce ainsi dans les pays en voie de développement : « Au Bangladesh, ce sont par exemple des millions d’emplois dans le textile qui vont disparaître. » Ce sous-prolétariat désoeuvré deviendra ce qu’Harari, glaçant, nomme « la classe inutile ».

« Ce seront ceux qui ne sauront rien faire de mieux que les intelligences artificielles, et ils seront nombreux. Alors, l’élite, qui n’aura pas même besoin de les exploiter, devra lutter contre eux, et ne perdra rien à les faire disparaître, puisque ces inutiles n’auront plus aucun rôle économique ou militaire. » En cela, l’homme Dieu, avec son intelligence artificielle, sera « pire que le pire des dictateurs »…

Au fait, professeur Harari, peut-on faire quelque chose pour inverser le cours de ce futur sordide ? « Il est toujours temps de faire quelque chose, mais il faut se bouger, en 2040 tout sera joué. » La commissaire Margrethe Vestager s’est éclipsée. Le PDG de L’Oréal, lui, reste. Il a obtenu une audience d’une quinzaine de minutes avec le gourou.

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