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Michel Audiard, collabo impénitent

La revue « Temps noir » lève le voile sur les écrits antisémites du dialoguiste dans divers journaux d’extrême droite pendant et après la seconde guerre mondiale.

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Publié le 26 octobre 2017 à 06h00, modifié le 26 octobre 2017 à 12h50

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« Temps noir » n° 20, Editions Joseph K., 352 pages, 19,50 €.

Le 17 mars 1947, Michel Audiard, bientôt 27 ans, futur cinéaste de Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968), est convoqué au commissariat du parc Montsouris. L’ordre émane de la Cour de justice de la Seine, « section de l’indignité nationale ». Dans les archives du groupe Collaboration a, en effet, été retrouvée une fiche d’adhésion, datée de 1942, portant son nom et son adresse.

Face aux policiers, le cave se rebiffe. Il dément avoir cousiné avec Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle ou Pierre Benoit au sein de ce cercle soutenu par les autorités allemandes. Non, il n’a rien signé. Il a été inscrit « à [s]on insu », se défend-il. En l’absence de preuves, le jeune homme ne sera pas inquiété.

Les inspecteurs qui ont reçu Michel Audiard l’avaient déjà interrogé le 5 octobre 1944. Ce jour-là, ils venaient arrêter, à son domicile de Bois-Colombes, Robert Courtine, collaborateur notoire, ex-rédacteur en chef de L’Appel, qui fut par la suite chroniqueur gastronomique au « Monde », sous le pseudonyme de La Reynière. La ligne éditoriale de cette revue, fondée par un membre du Parti populaire français (PPF), était dénuée d’ambiguïté. Elle privilégiait « la lutte antijuive ». « Pour que ça change, il faut d’abord : 1- Que les Juifs soient expulsés d’Europe ou envoyés dans des camps de travail. 2- Que les Francs-Maçons, jusqu’ici dans l’ombre, soient mis en pleine lumière et marqués d’un signe infamant. »

A l’automne 1944, Courtine est en fuite. Parti précipitamment à Sigmaringen, il sera capturé en 1946 et condamné à dix ans de travaux forcés. Michel Audiard ouvre donc la porte aux enquêteurs. Que leur dit-il ? Il habite là, à l’occasion. Oui, il connaît bien Robert Courtine, qui lui a permis d’écrire dans L’Appel. Grâce à lui, il a fait ses débuts dans la presse. Il a signé quelques contes et nouvelles. Pas de quoi fouetter un chat. En tout cas, pas de quoi tomber sous le coup de la loi. Après une nuit en garde à vue, Audiard est relâché.

Infâme réplique

Hormis une mention dans un ouvrage de l’historien Pascal Ory, ses activités sous l’Occupation n’avaient nullement été évoquées par les biographes du dialoguiste des Tontons flingueurs (1963), encore moins documentées. L’intéressé lui-même a paru oublieux à ce sujet. Il affirmait qu’il n’était à l’époque qu’un « gosse » affamé – quand il avait 23 ans en 1943 – voleur de vélos et livreur de journaux à Paris.

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