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Un siècle plus tard, la déclaration Balfour divise toujours Israéliens et Palestiniens

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Photo obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017, montrant l'ancien ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour (centre), l'ancien général britannique Edmund Allenby (gauche) et le Haut commissaire britannique pour la Palestine Herbert Samuel en 1925 à Jérusalem-GPO/AFP/Handout
Photo obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017, montrant l'ancien ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour (centre), l'ancien général britannique Edmund Allenby (gauche) et le Haut commissaire britannique pour la Palestine Herbert Samuel en 1925 à Jérusalem-GPO/AFP/Handout

La déclaration Balfour, qui aura cent ans jeudi, est saluée par Israël comme ayant contribué à la fondation du pays mais critiquée par les Palestiniens comme une étape majeure de la "catastrophe" qui les a privés de leurs terres.

Le 2 novembre 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour indique que Londres considère "favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif".

Cette phrase de 67 mots est alors la manifestation de soutien la plus forte d'une grande puissance aux objectifs du mouvement sioniste: le retour des Juifs sur la terre leurs ancêtres.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu commémorera cet anniversaire à Londres, où il participera à un dîner avec son homologue britannique Theresa May.

Mme May a dit qu'elle marquerait cette date avec "fierté", malgré les critiques qui s'élèvent en Grande-Bretagne autour de cette commémoration en raison des 50 ans d'occupation israélienne de la Cisjordanie.

Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a ainsi indiqué qu'il ne participerait pas au dîner anniversaire, sans plus d'explications.

"Même si l'Etat d'Israël n'aurait pas vu le jour (en 1948) sans l'implantation (juive qui l'a précédé), sans sacrifice et sans une volonté de se battre pour lui, l'impulsion internationale a indéniablement été la déclaration Balfour", a déclaré cette semaine M. Netanyahu.

Les Palestiniens ont prévu une manifestation jeudi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, dans le cadre de leur campagne appelant la Grande-Bretagne à s'excuser pour cette déclaration. Ils ont également étudié les façons de poursuivre Londres en justice à ce sujet.

Pour le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah, la Grande-Bretagne devrait s'excuser pour "une injustice historique qu'elle a commise contre (son) peuple" et devrait "la corriger au lieu de la célébrer".

- 'Pierre angulaire' -

Photo d'une copie de la déclaration Balfour, obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017-GPO/AFP/Handout
Photo d'une copie de la déclaration Balfour, obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017-GPO/AFP/Handout

Certains argumentent aujourd'hui que les événements postérieurs à la déclaration Balfour ont diminué son importance.

Mais d'autres considèrent que son influence reste majeure, ce texte ayant jeté les bases non seulement de la création de l'Etat moderne d'Israël mais aussi du conflit israélo-palestinien.

Jonathan Schneer, historien américain et auteur du livre "La déclaration Balfour", estime qu'Israéliens et Palestiniens ont "tous les deux raison".

"Les Israéliens la considèrent comme la pierre angulaire de la naissance d'un Etat juif et les Arabes comme celle de leur dépossession et de leur misère", explique-t-il dans une interview à l'AFP.

Selon l'historien, la déclaration s'est, de façon ironique, nourrie de préjugés antisémites de l'époque. Les dirigeants britanniques estimaient en effet que cette communauté était capable de les aider à gagner la Première Guerre mondiale en raison de son influence supposée dans les finances et en Russie, d'après lui.

"Si quelqu'un doit choisir cinq documents qui ont façonné l'histoire et l'existence d'Israël, la déclaration Balfour doit en faire partie", assure Paula Kabalo, directrice de l'Institut de recherche Ben-Gourion pour l'étude d'Israël et du sionisme.

- 'Encore du travail' -

Les Palestiniens jugent la déclaration, qui mentionne que "rien ne doit être fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine", comme colonialiste et même raciste.

Elle a été écrite "comme si les Palestiniens n'existaient pas", s'insurge Nabil Shaath, un des principaux conseillers du président palestinien Mahmoud Abbas. "Nous sommes considérés comme +d'autres+, avec des droits civils et religieux mais pas de droits politiques."

Pour les Palestiniens, la Grande-Bretagne -puissance mandataire de 1920 à 1948- n'a pas réussi à tenir ses engagements.

Lors de la guerre entourant la création d'Israël, 750.000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs foyers.

Photo du ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour datant de 1917 et obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017-GPO/AFP/Handout
Photo du ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour datant de 1917 et obtenue auprès du Bureau de presse du gouvernement israélien le 24 octobre 2017-GPO/AFP/Handout

Deux décennies plus tard, pendant la guerre des Six-Jours (1967), Israël a notamment pris la Cisjordanie, qu'il occupe toujours, et Jérusalem-Est, qu'il occupe et a annexée mais que les Palestiniens revendiquent comme capitale de leur futur Etat.

Aujourd'hui, la poursuite de la construction de colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie amoindrit les espoirs d'une solution à deux Etats.

Theresa May s'est fait l'écho de ces inquiétudes. "Nous sommes fiers du rôle que nous avons joué dans la création de l'Etat d'Israël", a récemment déclaré la Première ministre britannique, mais "nous devons également être conscients de ce que certains ressentent à l'égard de la déclaration Balfour et nous reconnaissons qu'il y a encore du travail".

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