Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le président israélien accablé par son propre camp pour avoir refusé de gracier un soldat

Reuven Rivlin a estimé que réduire la peine du militaire qui avait tué un Palestinien à terre, en 2016, près d’Hébron, porterait atteinte à la « pureté des armes ».

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 21 novembre 2017 à 06h41, modifié le 21 novembre 2017 à 11h11

Temps de Lecture 2 min.

Le président israélien, Reuven Rivlin, à Munich, le 6 septembre.

Des caricatures, des insultes, des accusations de trahison, des centaines de messages déposés par des activistes de la droite israélienne. Depuis qu’il a annoncé, dimanche 19 novembre, son refus d’accorder la grâce au soldat Elor Azaria, le président israélien, Reuven Rivlin, se trouve une nouvelle fois attaqué par son propre camp. Ce vétéran du Likoud, dont la fonction est surtout honorifique, apparaît une fois de plus comme le défenseur de la séparation des pouvoirs et de l’Etat de droit.

Elor Azaria avait été reconnu coupable d’homicide volontaire et condamné à dix-huit mois de prison pour avoir tué d’une balle dans la tête un agresseur palestinien gisant à terre, inerte, en mars 2016 près d’Hébron, après avoir mené une attaque au couteau contre des soldats israéliens. En septembre, la peine avait déjà été réduite de quatre mois par le chef d’état-major de l’armée, Gadi Eizenkot.

Le président Rivlin a motivé son refus. « Un allégement supplémentaire de votre peine porterait atteinte à la résistance des forces de défense d’Israël (Tsahal, en hébreu) et de l’Etat d’Israël, a-t-il écrit. Les valeurs des forces de défense d’Israël, parmi lesquelles la pureté des armes, constituent le fondement même de la solidité des forces de défense d’Israël. » La « pureté des armes » est l’idée que les soldats israéliens doivent agir de façon humaine et proportionnée, n’ouvrant le feu que si les circonstances le réclament.

« Chiens affamés »

Le procès d’Elor Azaria, qui n’a jamais exprimé de remords, s’était tenu dans une ambiance électrique. Pour les partisans de l’accusé, la capacité des soldats à se défendre contre les attaques palestiniennes était mise à l’épreuve par ce procès. Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, qui avait milité en faveur de l’accusé, s’est dit « déçu » par la décision du président Rivlin. D’autres membres de la droite nationaliste – « une bande de chiens affamés », selon le journaliste Ben Caspit dans le quotidien Maariv – ont fait preuve de moins de diplomatie.

Et ce n’est rien par rapport au déchaînement de certains internautes. Sur la page Facebook du président, des messages de soutien en côtoyaient d’autres, amers et violents. La police s’est saisie du cas d’un photomontage montrant le président coiffé d’un keffieh, le foulard palestinien. La presse a dressé des comparaisons avec des images similaires, brandies en 1995 contre l’ancien premier ministre, Yitzhak Rabin, avant son assassinat par un extrémiste juif.

Benyamin Nétanyahou est venu mollement à la rescousse du chef de l’Etat. « Dans une démocratie, a-t-il dit, on peut critiquer tout le monde. Toutes les critiques ne sont pas des incitations, mais cela doit se faire sans keffieh, sans nez, et sans uniformes nazis dont nous avons tous été affublés. » Les relations entre M. Nétanyahou et le président sont exécrables. Le 23 octobre, à la tribune de la Knesset, le chef de l’Etat a tenu un discours cinglant pour s’alarmer des attaques de la droite contre les médias et la Cour suprême. La politisation extrême de toutes les institutions s’accompagne, selon lui, de la disparition des hommes d’Etat défendant l’intérêt général.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.