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Ambassade américaine à Jérusalem : Israël est satisfait, mais craint des violences

Benyamin Nétanyahou s’est refusé mercredi matin à commenter publiquement la décision imminente de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 06 décembre 2017 à 11h03, modifié le 06 décembre 2017 à 13h42

Temps de Lecture 3 min.

Benyamin Nétanyahou, lors d’une conférence du « Jerusalem Post », à Jérusalem, le 6 décembre.

La vache israélienne est la plus productive au monde. C’est, entre autres choses, ce que le Benyamin Nétanyahou est venu dire mercredi 6 novembre au matin à la conférence diplomatique du journal Jerusalem Post. Alors qu’on attendait sa première réaction à l’annonce prévue de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale par la Maison Blanche, le chef du gouvernement israélien a gardé le silence sur le sujet. Comme s’il laissait la priorité à Donald Trump.

M.Nétanyahou s’est lancé dans une longue séance d’auto-satisfaction sur les liens diplomatiques et économiques tissés par Israël avec « 159 pays » dans le monde sous son autorité. Il a évoqué le rôle prépondérant des entrepreneurs nationaux dans les révolutions technologiques qui frappent l’automobile et la médecine digitalisée. Enfin, il a accusé l’Iran de vouloir « conquérir l’ensemble du Moyen Orient ». Seule référence à l’actualité de la journée: il a vanté le développement des relations discrètes avec les pays arabes et celle, « irremplaçable », avec les Etats-Unis.

En revanche, d’autres personnalités politiques présentes à cette conférence n’ont pas hésité à commenter la décision américaine. Le ministre du renseignement, Israel Katz, a estimé que « l’opposition palestinienne à cette décision reflète une réticence à reconnaître le droit du peuple juif à un Etat ». Le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, figure de proue de la droite messianique, a rejeté l’idée d’un « prix à payer » sur le plan diplomatique, en échange de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale. « C’est un bon pas en avant, mais un pas naturel », a-t-il dit. Félicitant MM.Nétanyahou et Trump, il a estimé que « la patience stratégique d’Israël a payé ». Sans surprise, M.Bennett n’a exprimé aucune attente concernant une solution politique négociée. « La paix est l’absence de guerre, a-t-il dit. C’est tout ce que nous voulons. »

De son côté, interrogé sur la Radio de l’armée, le leader travailliste Avi Gabbay a aussi salué la décision américaine, mais en dessinant les contours d’une solution politique souhaitable avec les Palestiniens. « Nous devons annoncer la fin des constructions de colonies en dehors des blocs [les principales agglomérations juives en Cisjordanie comme Ariel ou le Gush Etzion], placer les villages et les quartiers en Cisjordanie sous contrôle palestinien. Il n’y a pas de solution réaliste en dehors de celle à deux Etats. »

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a beau faire profil bas, en attendant l’annonce officielle par la Maison Blanche, il a joué un rôle important en coulisses. Selon la chaîne israélienne Hadashot, son équipe a été impliquée dans la démarche de l’administration Trump. Un homme a assuré le lien : l’ambassadeur israélien à Washington, Ron Dermer, proche conseiller de M. Nétanyahou.

« Une aberration terrible »

Le 4 novembre, dans un entretien à Politico Magazine, Ron Dermer estimait qu’une reconnaissance de Jérusalem comme capitale réparerait « une aberration terrible », en cours depuis près de soixante-dix ans. « Je ne pense pas que cela va compromettre du tout le processus de paix, disait-il. Au contraire, je pense que ça va jeter les bases de la paix, parce que cela signifiera que dans tout accord de paix à l’avenir, Jérusalem sera la capitale d’Israël. »

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Malgré cette bonne nouvelle pour lui, M. Nétanayhou se retrouve face à deux problèmes : la gestion sécuritaire d’éventuelles violences palestiniennes et la nécessité de répondre aux futures propositions américaines visant à relancer un processus de paix inexistant. Si dans sa déclaration, Donald Trump conforte mercredi soir l’horizon souhaitable d’une solution à deux Etats, le premier ministre israélien se retrouvera à nouveau sous la pression de la droite nationaliste et messianique, qui estime cette voie définitivement condamnée. La prochaine échéance diplomatique importante est la visite prochaine du vice-président américain, Mike Pence, qui doit arriver en Israël le 17 décembre. Il s’exprimera devant les députés, à la Knesset.

La communauté internationale inquiète avant l’annonce de Trump sur le statut de Jérusalem

Les mises en garde se sont multipliées, mercredi 6 décembre, avant l’annonce de Donald Trump sur le statut de Jérusalem, qu’il veut reconnaître, de façon unilatérale, comme la capitale d’Israël.

« L’avenir de Jérusalem est quelque chose qui doit être négocié avec Israël et les Palestiniens assis côte à côte », a affirmé l’envoyé spécial de l’ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, lors d’une conférence à Jérusalem, alors que les négociations de paix sont suspendues depuis 2014.

Le roi Salman d’Arabie saoudite, grand allié de Washington, a prévenu qu’une telle décision risquait de provoquer « la colère des musulmans ». Le roi Abdallah II de Jordanie a, quant à lui, souligné que la Ville sainte était « cruciale pour la stabilité » de la région.

La Turquie a brandi le spectre d’un « incendie » régional en jugeant qu’une reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël « ferait le jeu des groupes terroristes ». Son président, Recep Tayyip Erdogan, a dit vouloir réunir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre à Istanbul. La Chine, le Royaume-Uni et le Pakistan ont également joint leur voix au concert de réprobation.

Demande de réunion en urgence

Les délégations palestiniennes et jordaniennes à la Ligue arabe ont demandé une réunion en urgence des ministres des affaires étrangères. Cette réunion au niveau ministériel devrait se tenir samedi, selon une source diplomatique. D’après la demande du représentant de la Palestine, la réunion devrait permettre d’examiner « les actions arabes qui s’imposent au sujet de ce changement affectant le statut juridique et historique de Jérusalem ». La demande des délégations jordaniennes et palestiniennes a, par ailleurs, été appuyée par le Maroc.

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L’Iran « ne tolérera pas une violation des lieux saints musulmans », a, de son côté, affirmé le président iranien, Hassan Rohani. « Les musulmans doivent être unis face à ce grand complot », a-t-il ajouté. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a, lui, vu dans la décision américaine un geste désespéré, fruit de l’« incompétence » des Etats-Unis. « Le monde islamique s’opposera assurément à ce complot », a-t-il déclaré.

La Bolivie, membre non permanent du Conseil de sécurité, a annoncé qu’elle demanderait une réunion publique urgente de cette instance onusienne si la décision de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem est confirmée.

Benyamin Nétanyahou discret

Alors que chacun guettait sa réaction, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est au contraire resté silencieux sur le sujet. A la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, M. Nétanyahou a aussi ordonné la discrétion à ses ministres pour ne pas attiser les tensions, selon les médias.

Plusieurs d’entre eux ont cependant salué la décision annoncée de Donald Trump. Le ministre de l’éducation, Naftali Bennett, a ainsi appelé d’autres pays à emboîter le pas aux Etats-Unis, estimant qu’il s’agissait d’un « pas spectaculaire vers la paix ».

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