•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Envoyée spéciale

Ambassade américaine à Jérusalem : Israël jubile, le monde s'inquiète

Drapeau en feu, rassemblement de manifestants à Gaza.

Des Palestiniens brûlent un drapeau des États-Unis dans la ville de Gaza

Photo : Reuters / Mohammed Salem

Radio-Canada

Pendant qu'Israël se réjouit de la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l'État hébreu et d'y déménager son ambassade, le reste du monde s'inquiète ou fulmine.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a salué cette journée comme un « jour historique ». Il a aussi affirmé que la décision du président américain ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions à Jérusalem, affirmant l'engagement israélien à maintenir le « statu quo ».

M. Nétanyahou a ajouté que tout accord de paix avec les Palestiniens aurait dû comprendre Jérusalem comme capitale israélienne. Il presse maintenant les autres pays de la planète à imiter les États-Unis en déménageant leur ambassade à Jérusalem.

Voilà pour les réjouissances.

Les réactions sont moins positives dans le reste de la région et du monde en général. Aux mises en garde de la veille ont succédé les condamnations fermes de la part du monde arabo-musulman, entre autres.

Jérusalem est « la capitale éternelle de l'État de Palestine », a déclaré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Il a ainsi déploré la décision américaine de reconnaître la ville sainte comme étant la capitale israélienne.

Des manifestants brûlent une photo de Donald Trump de même que des drapeaux américains et israéliens.

Des manifestations se sont formées, notamment à Rafah, dans la bande de Gaza, où des drapeaux israéliens et américains de même que des photos de Donald Trump ont été brûlés.

Photo : EPA / MOHAMMED SABER

Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a déclaré mercredi que Donald Trump a « détruit » la solution à deux États et a « disqualifié les États-Unis de tout rôle dans un quelconque processus de paix ».

Du côté du mouvement islamiste palestinien Hamas, la décision ouvre « les portes de l'enfer pour les intérêts américains dans la région ». Ismaïl Radouane, un haut responsable de l’organisation, a appelé les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.

Condamnation

L'Arabie saoudite a déploré une décision « injustifiée et irresponsable » de Donald Trump, indiquant dans un communiqué avoir prévenu les États-Unis des « dangereuses conséquences » qu'aurait un transfert de son ambassade à Jérusalem.

« Cette décision constitue un grand pas en arrière dans les efforts en cours pour faire progresser le processus de paix et viole la position de neutralité des États-Unis à l'égard de Jérusalem », a indiqué Riyad.

« La décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et le transfert de l'ambassade des États-Unis vers cette ville constituent une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies », a estimé le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammed Moumeni, par voie de communiqué.

« Nous condamnons la déclaration irresponsable de l'administration américaine [...] Cette décision est contraire au droit international et aux résolutions de l'ONU », a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, sur Twitter. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déjà annoncé son intention de tenir un sommet des dirigeants des principaux pays musulmans le 13 décembre prochain, à Istanbul.

En froid avec Washington, l’Iran a profité de l’occasion pour faire vibrer la corde religieuse. Téhéran a déclaré qu’il ne tolérerait pas « une violation des lieux saints musulmans ».

Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en soulignant qu’il a toujours été « opposé à toute mesure unilatérale ».

« Il n'y a pas d'alternative à la solution de deux États » avec « Jérusalem comme capitale d'Israël et de la Palestine », a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité de l'ONU a convoqué une réunion d'urgence vendredi matin.

L'Union européenne exprime sa sérieuse préoccupation à propos de l'annonce aujourd'hui du président des États-Unis, Donald Trump, sur Jérusalem et les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix.

Une citation de La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini

Le président français Emmanuel Macron a qualifié de « regrettable » la décision du président américain et il a appelé à « éviter à tout prix les violences ».

Lors d'une conférence de presse à Alger, M. Macron a rappelé « l'attachement de la France et de l'Europe à la solution de deux États, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux États ».

« Nous ne sommes pas d'accord avec la décision américaine de transférer son ambassade à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem comme la capitale israélienne avant un accord final sur son statut », a déclaré la première ministre britannique Theresa May dans un communiqué. Elle a de plus estimé que la décision américaine n'était « d'aucune aide » pour les perspectives de paix dans la région.

Le gouvernement allemand abonde dans le même sens que le Royaume-Uni. Berlin « ne soutient pas cette position, car le statut de Jérusalem ne peut être négocié que dans le cadre d'une solution de deux États », a déclaré la chancelière Angela Merkel, citée dans un tweet de son porte-parole Steffen Seibert.

« Jérusalem, ville sainte, unique au monde. Son avenir doit être défini dans le cadre d'un processus de paix basé sur les deux États, Israël et Palestine », a pour sa part indiqué le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni sur Twitter.

Timide critique canadienne

De son côté, le gouvernement canadien a timidement désapprouvé la décision américaine en indiquant qu’il n’avait pas l’intention d’emboîter le pas à son puissant voisin en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël ou en y déménageant son ambassade. « Notre position à nous est claire, c'est qu'on n'a aucune intention de déménager la nôtre », a déclaré la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau.

Ottawa a même soufflé le chaud et le froid. « Allié indéfectible de l'État d'Israël », le Canada appelle l'ensemble des protagonistes au « calme » et fera son possible pour « soutenir la création de conditions nécessaires pour que les parties puissent trouver une solution », a affirmé la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland.

L’organisation B’nai Brith Canada demande, quant à elle, au gouvernement Trudeau d’imiter l’administration de Donald Trump. Ottawa doit « reconnaître Jérusalem comme capitale israélienne et faire des plans pour relocaliser son ambassade de Tel-Aviv », a déclaré l’organisation.

« Reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël fera avancer le processus de paix […], a-t-elle poursuivi. La vraie paix est seulement possible quand tous les côtés reconnaissent le lien indélébile entre le peuple juif et leur ville la plus sainte », a soutenu un porte-parole, Michael Mostyn.

Avec les informations de Agence France-Presse, La Presse canadienne et Reuters

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.