Professeur de la VUB condamné à mort en Iran: dès qu'Israël est impliqué, on entre dans une zone grise, dangereuse

Professeur invité à la VUB, Ahmadreza Djalali attend la peine capitale en Iran.

Vincent Braun
Mobilisation belge pour obtenir la grâce d’un chercheur iranien
©Belga

Professeur invité à la VUB, Ahmadreza Djalali attend la peine capitale en Iran.C’est une affaire comme la justice iranienne en produit à foison et dont elle détient le secret. Une affaire d’espionnage, de trahison, de condamnation à la peine de mort. Un chercheur en médecine iranien Ahmadreza Djalali a vu sa condamnation à la peine capitale confirmée le week-end dernier par la Cour suprême iranienne. Le chercheur, qui était professeur invité à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), est détenu depuis avril 2016 à la prison d’Evin, dans le nord de Téhéran, tristement célèbre pour abriter des prisonniers d’opinion et pour ses conditions de détention déplorables, de l’avis des organisations de défense des droits de l’homme.

Collaboration avec l’ennemi

M. Djalali, qui a aussi la nationalité suédoise, avait été condamné à mort en octobre, pour collaboration avec l’ennemi. Une expression qui vise des contacts avec le Mossad, les services secrets israéliens. Amnesty International estime qu’il n’a pas eu droit à un procès équitable, voire que l’instruction a pu être orientée. Son avocat est aussi mis en cause pour avoir traîné dans la remise de sa demande d’appel. Celle-ci n’est jamais parvenue à la Cour suprême, rendant la sentence irrévocable. M. Djalali avait mené plusieurs grèves de la faim, dès le début de cette année, afin de tenter d’infléchir le cours de sa détention.

Compte tenu des relations de travail entre le chercheur et la Belgique, la mobilisation belge bat son plein devant l’ambassade d’Iran à Bruxelles. Après la demande de grâce remise mercredi à l’ambassadeur par le ministre-président flamand Geert Bourgeois, la rectrice de la VUB, Caroline Pauwels, et un groupe de militants d’Amnesty International ont mené une action jeudi en fin de journée devant l’ambassade d’Iran afin de réclamer l’annulation de la condamnation à mort et la libération d’Ahmadreza Djalali. Une lettre informant les autorités iraniennes qu’une pétition a été signée par 65 000 personnes en Belgique devait aussi y être remise.

Qu’est-ce qui a pu se passer ? Difficile à dire. Mais dès qu’Israël est impliqué dans une instruction judiciaire, cela peut devenir rapidement "compliqué", résumait un contact iranien. On entre dans une zone grise, dangereuse pour qui s’y retrouve, les interrogatoires des services de sécurité pouvant être "déstabilisants".

Qu’il s’agisse de sciences, de culture ou de sport, les autorités de la République islamique découragent tout contact, et a fortiori toute collaboration, avec Israël, dont l’Iran ne reconnaît pas l’existence et qu’il considère comme un ennemi.

M. Djalali était en effet engagé dans un programme de recherche en médecine de catastrophe, avec entre autres la Belgique et Israël.

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