La rupture entre les Palestiniens et les Etats-Unis est consommée. Il s’agit d’une réplique sismique après la reconnaissance unilatérale de Jérusalem par l’administration Trump comme capitale d’Israël, le 6 décembre. La direction palestinienne a décidé de ne plus accepter la médiation américaine dans le conflit, alors que Washington prétend toujours présenter un plan de paix dans les prochains mois. Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, qui a refusé de rencontrer le vice-président américain, Mike Pence, en tournée dans la région à compter du 20 janvier, n’emploie plus de précautions oratoires pour dénoncer la partialité des Etats-Unis.
Frustré, isolé, se sentant trahi par les pays arabes, le « raïs » s’est exprimé en ouverture du conseil national de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le 14 janvier. Il a dénoncé la « claque du siècle » que représenterait le plan de paix fomenté en secret par l’administration américaine. « Nous avions accepté que les Etats-Unis opèrent une médiation entre nous et Israël, explique le conseiller diplomatique de M. Abbas, Majdi Al-Khaldi. Soudain, cet effort a été stoppé net avec la reconnaissance de Jérusalem, mais aussi la baisse de l’aide financière par le Congrès et la menace de fermeture du bureau de l’Organisation de libération de la Palestine à Washington. On n’a jamais vu de plan et on ne veut plus en voir. »
1,3 milliard de dépenses annuelles
En retour, les Etats-Unis ont décidé de mettre la pression financière sur la direction palestinienne pour la contraindre à de futures négociations. Le 2 janvier, le président Donald Trump s’est montré menaçant sur Twitter : « Nous versons aux Palestiniens des CENTAINES DE MILLIONS DE DOLLARS sans recevoir ni remerciements ni respect (…). Avec des Palestiniens qui ne veulent plus parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser ces sommes énormes ? » Depuis 1994, selon le département d’Etat, 5,2 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) ont été consacrés aux Palestiniens à travers les programmes d’USAID, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. En décembre, la Chambre des représentants a voté le Taylor Force Act, qui vise à réduire cette aide en raison des pensions versées par l’AP aux « martyrs » palestiniens, dont certains sont des auteurs d’attaques meurtrières.
Mais la première cible américaine relève de l’ONU : c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). L’agence est un pilier de la société palestinienne. Elle définit comme réfugiés tous ceux qui vivaient en Palestine juste avant la création d’Israël, en 1948, et qui ont été expulsés de chez eux pendant la Nakba – la grande « catastrophe » –, ainsi que leurs descendants.
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