C’était un artiste renommé et un enseignant adoré. Le genre d’adulte dont on boit les paroles au lycée, qui en impose par son charisme. Mais Boaz Arad semble aussi avoir abusé de son autorité et de son pouvoir de séduction sur les jeunes filles qui le côtoyaient dans le cadre de leurs études. Agé de 62 ans, il a été retrouvé mort dans sa maison de Tel Aviv, vendredi 2 février, après la publication d’une enquête sur des relations sexuelles qu’il aurait eues avec des mineures.
Boaz Arad menait de front une carrière artistique, qui l’a conduit à présenter de nombreuses expositions dans sa ville de Tel Aviv, et une activité d’enseignant dans plusieurs établissements. Les allégations portent sur la période comprise entre 1983 et 2006, pendant laquelle il a enseigné au lycée des arts Thelma-Yellin, à Givatayim. Elles ont été publiées par le site d’informations Mako, très populaire, qui appartient à l’un des plus grands groupes privés de médias israéliens, Keshet.
Mako a notamment révélé le témoignage anonyme d’une femme, G., qui aurait eu une relation soutenue avec l’artiste pendant quatre ans, commencée alors qu’elle n’avait que 16 ans. Selon elle, il aurait aussi séduit d’autres étudiantes. « Nous l’adorions toutes, il était comme un dieu », a-t-elle expliqué. La jeune femme, à l’âge de 18 ans, s’est installée avec Boaz Arad. Mais, selon son récit, l’artiste aurait manifesté une vive jalousie en raison du fait que G. côtoyait, dans le cadre de ses études, d’autres professeurs en mesure de l’influencer. Le couple a rompu deux ans plus tard.
« La fin de ma vie »
Interrogé par le site d’information la veille de la publication de l’article, l’enseignant a nié toute relation sexuelle avec des mineures au cours de leurs études. Ces relations n’auraient débuté que plus tard, avec quatre d’entre elles. Mako, de son côté, a établi l’existence de relations avec trois autres mineures. Boaz Arad a supplié le site de ne pas publier l’enquête.
« Lorsque ça sortira, vous me condamnerez dès lors que je n’aurai pas la possibilité de nier ces allégations devant un tribunal. Je ne pourrai regarder ma mère dans les yeux. Ma vie n’aura plus de sens. Cela signifiera la fin de ma vie. »
Répétant à plusieurs reprises cette référence au suicide, l’artiste a poussé le site d’informations à prévenir la police. Celle-ci est venue interpeller Boaz Arad, l’a interrogé, puis remis en liberté. Pour quelques heures.
Dans un éditorial, le directeur de la rédaction, Uri Rozen, a nié toute responsabilité dans la mort de l’enseignant. « La tragédie humaine ne change pas les faits que nous avons révélés au sujet des chapitres sombres de sa vie », écrit-il. Le journaliste assure que le contenu de l’article a fait l’objet de scrupuleuses vérifications, car la rédaction était consciente du statut public de l’artiste, et de son rôle dans l’enseignement culturel. Mais Uri Rozen évoque aussi le devoir de révélation, au nom de la vérité et des victimes.
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