Cisjordanie: une école financée par l'Union européenne démolie pour la cinquième fois (PHOTOS)
Israël a fait procéder au "démantèlement" de classes de fortune dans cette communauté bédouine de Cisjordanie.
- Publié le 06-02-2018 à 10h05
- Mis à jour le 06-02-2018 à 10h10

C'est la cinquième fois qu'elle s'écroule sous les coups de boutoir d'un bulldozer. L'école primaire d'Abu Nuwar, une communauté palestinienne d'origine bédouine installée sur une colline de Cisjordanie à quelques kilomètres à l'est de Jérusalem, n'est plus qu'un amas de blocs de béton éclatés et de tôles de métal tordues. Israël a fait procéder, dimanche à l'aube, à la destruction de deux constructions de fortune qui abritaient les classes primaires dans ce village fait de bric et de broc. Cette "école" avait été financée grâce à des fonds de l'Union européenne. L'école maternelle, également financée par un programme européen, est elle toujours sur pied.
D'après les autorités israéliennes, la communauté s'était mise dans l'illégalité puisque ces bâtiments n'avaient pas reçu le permis de construire indispensable pour installer toute structure de ce genre en zone C, où est située Abu Nuwar. Cette zone, issue des Accords d'Oslo et qui représente environ 60 % de la Cisjordanie occupée, est sous le contrôle total (administratif et sécuritaire) d'Israël, qui la considère comme faisant partie intégrante de son territoire national. Or, l'Etat hébreu n'accorde ces permis qu'au compte-gouttes aux Palestiniens.
Vingt-six enfants sont privés de classes alors que l'offre scolaire est déjà très limitée dans cette implantation bédouine de quelque 660 habitants encerclée par quatre colonies israéliennes, dont l'immense Maale Adumim et ses constructions modernes qui depuis la colline voisine souligne par contraste la précarité des abris bédouins. D'après le chef du village Abou Emad, les enfants devront, comme d'autres déjà, aller à l'école dans les villages palestiniens des environs.
Une colonie établie aussi sans autorisation
"Il y a deux systèmes qui cohabitent en parallèle. Certains enfants ont accès à l'éducation et d'autres pas", regrette ce responsable d'une ONG humanitaire qui travaille sur place et qui a requis l'anonymat par crainte des tracasseries administratives qu'Israël réserve parfois à ceux qui s'intéressent trop au sort des Palestiniens.
D'après des ONG, 45 écoles des territoires palestiniens (37 en Cisjordanie et 8 à Jérusalem-est) sont sous la menace d'un ordre de démolition. Une quinzaine d'autres ont, d'après le Norwegian Refugee Council, reçu l'ordre de cessez leurs activités. Mais à Abu Nuwar, il n'y avait pas d'ordre démolition mais un ordre de cessation et de démantèlement.
Paradoxe éclairant, le jour même de la démolition forcée de l'école bédouine vue comme illégale au regard de la loi israélienne, le gouvernement Netanyahou a donné le feu vert pour la régularisation de la petite communauté juive de Ravat Gilad, une colonie dite "sauvage", implantée illégalement en zone C près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Cette colonie endeuillée le 9 janvier par le meurtre par balles d'un jeune rabbin, s'est vu attribuer le statut de "nouvelle communauté" en vertu de la loi adoptée il y a juste un an par la Knesset. Celle-ci permet de légaliser rétroactivement ces colonies établies, elles aussi, sans autorisation préalable sur des terres palestiniennes.


