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Sous la pression des enquêtes, Netanyahu s'en prend au chef de la police

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 28 janvier 2018 lors d'une réunion du gouvernement à Jérusalem
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 28 janvier 2018 lors d'une réunion du gouvernement à Jérusalem
POOL/AFP/Archives - Tsafrir Abayov

Benjamin Netanyahu a lancé une attaque d'une rare virulence contre la police israélienne alors que celle-ci s'apprête, selon la presse, à recommander l'inculpation du Premier ministre dans une affaire de corruption qui devrait faire des vagues.

Après des mois d'investigations, la police devrait informer le parquet dans les prochains jours qu'elle a recueilli assez d'éléments pour préconiser la mise en cause formelle de M. Netanyahu, rapportent plusieurs médias.

En cause: des cadeaux - des cigares de luxe dont il est friand par exemple - qu'il aurait reçus de la part de riches personnalités comme James Packer, un milliardaire australien, ou Arnon Milchan, producteur à Hollywood.

La valeur totale de ces cadeaux a été chiffrée par les médias à des dizaines de milliers de dollars.

Une recommandation d'inculpation risque de causer un vacarme politique et médiatique.

Elle ne préjuge pas d'une inculpation à proprement parler, dont la décision appartient au procureur général. Mais elle ne devrait pas manquer de raviver les spéculations sur l'avenir d'une figure incontournable de la scène politique israélienne et au-delà.

M. Netanyahu est directement visé par une autre enquête. Elle cherche à déterminer s'il aurait essayé de conclure un accord secret avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant.

La police n'a pas encore tranché dans ce dossier si elle préconiserait l'inculpation, disent les médias.

- Les pressions de 'puissants' -

Dans une vidéo publiée mercredi soir, M. Netanyahu, interrogé à sept reprises depuis l'ouverture des enquêtes fin 2016, admet l'imminence de recommandations policières. Il se redit "confiant dans le fait qu'au bout du compte, les responsables judiciaires parviendront à la seule conclusion possible, à cette simple vérité: il n'y a rien".

Le chef de la police israélienne Roni Alsheich, le 3 décembre 2015 à Jérusalem (AFP/Archives - GALI TIBBON)
Le chef de la police israélienne Roni Alsheich, le 3 décembre 2015 à Jérusalem (AFP/Archives - GALI TIBBON)

Mais, devant la menace qui se précise, il s'est aussi emparé sur son compte Facebook d'une interview accordée par le chef de la police Roni Alsheich pour ouvertement remettre en cause l'impartialité des investigations.

M. Netanyahu accuse M. Alsheich d'"insinuations délirantes" qui jettent "une ombre considérable" sur les recommandations policières à venir.

Dans un entretien diffusé par une émission d'investigation, Roni Alsheich affirme que les enquêteurs sont soumis à des "pressions" et que certaines personnes "reniflent autour d'eux" pour recueillir des informations sur leur compte à l'instigation de gens "puissants", apparemment avec l'intention de discréditer les policiers.

Les avocats de M. Netanyahu cités dans les médias ont objecté par le passé qu'il n'y avait rien de mal à accepter des cigares de la part d'amis. M. Netanyahu lui-même, toujours selon les médias, aurait dit aux enquêteurs ignorer que sa femme recevait des bouteilles de champagne fin.

Les médias, alimentés par des fuites, évoquent des pratiques suspectes d'échanges systématisés de bons procédés.

M. Netanyahu, 68 ans, a été soupçonné à plusieurs reprises par le passé, sans être inquiété.

- 'Rapide et honorable' -

Le nom de son avocat personnel et d'un ancien chef de bureau apparaissent dans une autre affaire de corruption présumée liée à l'achat de trois sous-marins de guerre allemands.

A la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Netanyahu a dépassé les onze ans de pouvoir au total. Sans rival apparent, il pourrait battre le record de longévité de l'historique David Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël, si l'actuelle législature va à son terme en novembre 2019.

Selon la ministre de la Justice Ayelet Shaked, il ne serait pas tenu de démissionner s'il était inculpé.

Quand un Premier ministre est inculpé, il n'est tenu de démissionner qu'une fois épuisés tous les recours contre son inculpation, a indiqué à l'AFP l'expert Ofer Kenig, de l'Israel Democracy Institute.

La loi permet cependant au Parlement d'engager une procédure spéciale contre le Premier ministre après l'inculpation et avant l'épuisement des recours si le chef du gouvernement est mis en cause pour turpitude morale, a-t-il dit.

La justice israélienne peut avoir la main lourde contre les plus hauts dirigeants.

L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert sort de la salle d'audience de la Cour suprême à Jérusalem le 29 décembre 2015 (POOL/AFP - GALI TIBBON)
L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert sort de la salle d'audience de la Cour suprême à Jérusalem le 29 décembre 2015 (POOL/AFP - GALI TIBBON)

Le prédécesseur et ancien adversaire de M. Netanyahu, Ehud Olmert, au pouvoir de 2006 à 2009, a été libéré en juillet 2017 après un an et quatre mois de prison pour corruption. M. Olmert, cité par les médias, est sorti de son silence mercredi et a souhaité que M. Netanyahu "achève son mandat de manière rapide et honorable".

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