Plus l’échéance approche, et plus les rapports entre Benyamin Nétanyahou et la police deviennent électriques. Le 6 février, la chaîne de télévision Hadashot annonçait que les enquêteurs s’apprêtaient dans les jours à venir à transmettre leurs recommandations au procureur général, en vue de l’inculpation du premier ministre israélien dans le « dossier 1000 ». M. Nétanyahou est soupçonné d’avoir reçu des cadeaux indus de la part de deux puissants hommes d’affaires, potentiellement en échange de services rendus. Il est également mis en cause, directement ou à travers son entourage, dans plusieurs autres enquêtes.
Roni Alsheikh, le patron de la police, pourtant nommé par Benyamin Nétanyahou, se trouve depuis des mois sous une pression extrême. Mais il ne cède rien. Dans « Uvda », une émission phare de la télévision israélienne, il a apporté le 7 février son soutien à Roni Ritman, le chef de l’unité Lahav 433, chargée des investigations sensibles. Il a même accusé des « forces puissantes », sans citer de nom, d’avoir envoyé des détectives privés pour « renifler » autour des policiers conduisant les enquêtes – pour trouver, donc, des informations compromettantes sur eux. Une accusation d’une gravité rare. Aucune enquête n’a été ouverte à ce sujet, mais Roni Alsheikh dit avoir soulevé la question afin que ces pressions cessent.
Selon les médias israéliens, la conviction de la hiérarchie policière penche en faveur d’une inculpation dans le « dossier 1000 ». En revanche, elle est divisée sur les suites à donner au « dossier 2000 ». Il concerne des soupçons d’échange de bons procédés entre le premier ministre et le patron du quotidien Yediot Aharonot, Arnon Moses. Dans une conversation enregistrée, on découvre que M. Nétanyahou aimerait obtenir une couverture plus favorable du journal, s’engageant pour sa part à réduire la diffusion du gratuit Israel Hayom, le concurrent lancé par le magnat des casinos Sheldon Adelson. Mais quels faits peuvent-ils être pénalement reprochés au chef du gouvernement ? Cette question a occupé les responsables de la police au cours d’une réunion qui s’est tenue mercredi.
« Tentative de coup d’Etat »
Une fois les recommandations de la police faites, il reviendra au procureur général, Avishai Mandelblit, de décider en dernier ressort s’il faut inculper M. Nétanyahou, auquel il doit son poste. Dans la foulée de l’émission « Uvda », le premier ministre a publié un message sur sa page Facebook attaquant, en des termes rares, la police et sa hiérarchie. « Il est choquant de découvrir que le chef de la police répète les insinuations délirantes et fausses selon lesquelles le premier ministre enverrait des enquêteurs privés contre les officiers de police qui enquêtent sur lui. »
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