Tension entre Israël et la Syrie: Netanyahou ne veut pas changer sa stratégie de dissuasion
La première perte d’un avion depuis 1982 dramatise la situation.
- Publié le 11-02-2018 à 19h20
- Mis à jour le 11-02-2018 à 22h36
La première perte d’un avion depuis 1982 dramatise la situation.La tension est montée d’un cran ce week-end dans le nord d’Israël, dans la zone frontalière avec la Syrie. Samedi matin, l’armée israélienne a repéré, puis abattu un drone, entré dans l’espace aérien israélien et qu’elle a attribué à l’Iran. En représailles à cette "violation très grave de la souveraineté israélienne", selon les mots du porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, l’aviation israélienne a ensuite bombardé le site du lancement de l’engin en Syrie.
Au cours de l’attaque, un missile syrien a touché l’avion F-16 israélien, qui s’est écrasé non loin de Haïfa. Les deux pilotes ont pu s’éjecter de l’appareil. Les médias israéliens n’ont pas manqué de souligner que le F-16 détruit était le premier appareil israélien abattu depuis la guerre au Liban en 1982.
En seconde réplique, Israël a bombardé douze cibles en Syrie, dont le système de défense aérien syrien et quatre sites iraniens de stockage de munitions. Si aucune victime n’a été déplorée samedi, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a indiqué le lendemain que six personnes avaient été tuées : des membres du régime Assad et des étrangers.
Des actions ciblées
Les relations entre Israël et la Syrie ont connu un nouveau regain de tension depuis l’éclatement de la guerre en Syrie en 2011. Le régime de Damas est, en effet, soutenu militairement par le Hezbollah, mouvement chiite libanais et grand ennemi de l’Etat hébreu, mais aussi par l’Iran, l’autre bête noire d’Israël. Israël a déjà procédé à des raids aériens pour détruire des convois d’armes destinées au Hezbollah. Par ailleurs, il aurait déjà attaqué des sites de production d’armes syro-iraniennes en septembre dernier, ainsi qu’une base militaire iranienne près de Damas en décembre.
L’incident de samedi change la donne car il s’agit de "la première incursion iranienne en Israël pilotée depuis la Syrie", selon Mordechai Kedar, chercheur associé au centre Begin-Sadar d’études stratégiques à l’université israélienne Bar-Ilan. Une étape supplémentaire dans l’avancée de la "pieuvre iranienne" en Syrie et dans la région, "menaçant Israël, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis", poursuit-il.
Une stratégie inchangée
Dès dimanche, les mises en garde envers l’Iran se sont multipliées du côté israélien. En conseil des ministres, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a assuré qu’Israël ne changerait pas de stratégie en Syrie, continuant d’empêcher une implantation durable de l’Iran et des livraisons d’armes sophistiquées au Hezbollah. La veille, l’Iran avait balayé les accusations israéliennes, prétextant qu’Israël voulait "couvrir" ses "crimes" en accusant ses voisins.
Si Israël et la Syrie entendent éviter une escalade militaire, "les lignes rouges ont (néanmoins) été franchies, selon Mordechai Kedar. Un prochain cycle de violence est inévitable." Les observateurs s’attendent en tout cas à ce que l’Etat hébreu répète les frappes aériennes en Syrie, s’il lui faut une nouvelle fois démontrer que sa capacité de dissuasion est intacte.
Soutien américain
L’administration américaine a d’ailleurs exprimé son soutien à Israël, qui a "le droit de se défendre contre les forces syriennes et les milices soutenues par l’Iran". En janvier, Donald Trump avait confirmé le gel des sanctions imposées à l’Iran et réclamé à l’Union européenne de durcir ses exigences au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. De son côté, Vladimir Poutine, qui soutient militairement le régime Assad, a demandé à M. Netanyahou d’éviter toute aggravation du conflit.