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Education

«Le miracle» Blanquer à L'Émission Politique sur France 2!

«Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education, est le miracle du gouvernement» avait violoné un jour d’exceptionnel enthousiasme Alain Finkielkraut, le barde d’ordinaire plaintif de la fin de la France et de l’écroulement de l’école.

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Jean-Michel Blanquer a déclaré espérer rester le plus longtemps possible à son poste. "Mais ça ne dépend pas que de moi, cela dépend de la confiance du Premier ministre et du président en particulier".

Jean-Michel Blanquer a déclaré espérer rester le plus longtemps possible à son poste. "Mais ça ne dépend pas que de moi, cela dépend de la confiance du Premier ministre et du président en particulier".

AFP

« Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education, est le miracle du gouvernement » avait violoné un jour d’exceptionnel enthousiasme Alain Finkielkraut, le barde d’ordinaire plaintif de la fin de la France et de l’écroulement de l’école. Or le prodige ministériel ne s’est pas dissipé alors qu’il passait pour la première fois sous les feux de la rampe et de l’émission politique de France 2. Mieux que cela, le phénomène s’est confirmé. Le ministre de l’Education, et qui aspire à le rester jusqu’à la fin du quinquennat, a touché plus qu’aucune autre personnalité auparavant puisque 71% des téléspectateurs l’ont trouvé convaincant. Record absolu car Edouard Philippe, son Premier ministre  qui détenait jusqu’ici la palme se trouve relégué très loin avec 52% de convaincus. Et ne parlons pas d’Emmanuel Macron, qui lui n’avait pas dépassé les 49%, mais c’était avant qu’il ne soit Président…

Il avait pourtant la pression ce ministre annoncé comme « la révélation du gouvernement ». Tous les journaux lui avaient consacré leur Une, à l’exception du Parisien qu’il faudra mettre au piquet ! Valeurs Actuelles, et c’était même la seconde fois qu’il l’affichait en couverture, n’hésitait pas à le qualifier de « Nouvelle Star ». Le Point se faisait d’exclamation et ne mesurait pas son enthousiasme en allant jusqu’à le qualifier de « Vice-président ! ». Mais une flamme ainsi déclarée peut brûler. On se souvient qu’elle fut fatale par exemple à Manuel Valls : propulsé par le journal libéralo conservateur à cette vice présidence fantasmatique, le Premier ministre de l’époque dégringolait vite ensuite dans les sondages.

Onction présidentielle

Jean Michel Blanquer s’est inquiété d’ailleurs de ce que ces faveurs médiatiques ne provoquent la jalousie de ses collègues, voire l’ire de Jupiter. Que nenni ! Le chef de l’Etat le bénit tous les jours ! Rassuré de l’onction présidentielle, le ministre de l’Education nationale pouvait affronter son grand oral plus sereinement. Mais crispé quand même : ce professeur émérite est en fait un grand timide qui se soigne  par la luminothérapie, la lumière pleins feux…

La gorge était un peu serrée au début, et ses premières interventions hors champs de compétence furent banales. Il s’y était pourtant préparé. L’habitude des examens. Monsieur le professeur est un gros bûcheur. Et un vrai politique, qui sait que s’il « marche sur l’eau pour l’instant », tout peut se retourner n’importe quand. Le candidat Blanquer s’était donc préparé pour son entrée en « classe de maturité », et il n’a pas chuté. Mais c’est sur son champ de compétence qu’il fut le meilleur évidemment. L’ancien enseignant, l’ex-recteur blanchi sous la craie et le harnais est incollable, et habile. Face aux jeunes lycéens, il fut impeccable. Attentif. Respectueux. Pédagogue. Tout paraissait clair, même si on n’y voyait goutte à ses tableaux qu’il avait évidemment apporté avec lui. Il était à l’aise. Parfaitement à son affaire professorale. Voilà qu’il nous faisait avaler facile cette réforme du baccalauréat qui fut fatale à tellement de ministres que le pouvoir finissait par ne plus vouloir y toucher. Et là, tout à coup, la refonte paraissait évidente. Comme si les échecs de ses prédécesseurs lui avaient préparé le terrain.

A force d’avoir multiplié les réformes plus incompréhensibles les unes que les autres, les ministres de l’Education nationale avaient fini par perdre les parents, décourager les enseignants, et égarer les élèves. Ils ont d’une certaine manière et involontairement préparé le terrain à celui qui parle clair, et qui prend soin d’embrasser tout le monde. De rassembler. De se montrer attentif aux uns et autres, plein de considération pour tous ses interlocuteurs, de Jack Lang, très laudatif il est vrai, à la militante laïque ou à la féministe convaincue. Lui se montrait toujours exemplairement pédago. Plus encore ; ce fut une démonstration de macronisme chaleureux, comme aucun autre de ses collègues n’en est capable.

Le macronisme fait ministre

Car Jean-Michel Blanquer est le macronisme fait ministre. C’est ça le miracle. Il est tout « en même temps », et même au delà. Tradition et Modernité. Autorité et Liberté. Retour des Fondamentaux et Expérimentations. Lire- Ecrire-Compter-Respect, et Sciences cognitives. Redoublement et Dédoublement des classes en ZEP. Et de Gauche et de Droite et du Centre et d’Ailleurs ! En avant Marche par dessus les clivages… Jusqu’à son physique et son maintien qui tiennent en même temps du surveillant général à l’intello au front en Montgolfière. Sans parler de…son langage qu’il équilibre entre le techno, le républicain, le classique et le futuriste. Et la cerise sur le gâteau qu’il sert à sa clientèle : jamais il n’oublie de proclamer son amour pour l’Ecole et ceux qui la servent. Les enseignants à qui il veut rendre la fierté de leur beau métier, leur place première dans la société. Ceux-là qu’on classait autrefois à gauche majoritairement le plébiscitent pour le moment. Et ce moment est miraculeux c’est vrai…

Il y a bien eu une alerte pourtant. Quand Alexis Corbière, le député Insoumis fit l’insolent.  Le « smiracle » vacilla un instant. Maître Blanquer fut agacé d’être ainsi chahuté, interpellé sur ce passé, qu’il revendique, mais qui lui fit s’accommoder de suppressions de postes d’enseignants sous Sarkozy. Il est vrai que Jean Michel Blanquer a d’autres titres de gloire à faire valoir, et notamment d’avoir risqué sa vie en Guyane, mais son manque d’expérience en politique apparut là dans cet agacement et cette exaspération même, lorsque Alexis Corbière l’attaqua sur la suppression de l’Impôt sur la fortune qui pouvait servir à rendre la cantine gratuite pour les enfants. Même si le ministre lui rappelait qu’avec son salaire de député il pouvait payer les repas de ses enfants, c’était dit avec un trop grand énervement, qu’il regrettait publiquement en fin d’émission, la gorge serrée, cette fois d’émotion.

Car le verdict sondagier, qui autrefois avait fait pleurer Alain Juppé, alors qu’il était moindre, le surprenait par son ampleur plébiscitaire. Blanquer n’est pas infatué, et s’il a une solide idée de lui même, de ses mérites, il sait aussi la fragilité de cet accueil miraculeux qu’il provoque, entretient, et dont il profite.

Cette « merveille », cette faveur phénoménale peut elle durer ? On en a bien perçu hier soir une des limites. Une menace : considérer davantage les enseignants, c’est formidable, mais les rétribuer mieux, c’est indispensable. Jean-Michel Blanquer lui même l’a reconnu : « les professeurs français sont trop peu payés ». On ne peut pas sans les augmenter tenter de leur redonner une place centrale dans la cité, où l’argent est devenu la valeur de référence. Certes « l’immatériel, a-t-il rappelé, c’est essentiel », mais sans le sonnant et le trébuchant ça peut vite s’écrouler. Les miracles en politique, on le sait, n’ont tendance à ne durer qu’un temps. D’autres prétendent que les miracles ne se produisent vraiment que pour ceux qui y croient…

1, 5 million de personnes ont regardé L'Emission Politique avec Jean-Michel Blanquer selon Médiamétrie. France 2 réalise 7,2% de part d'audience (PDA). Le précédent numéro avec Laurent Wauquiez en tant qu'invité, avait réalisé la pire audience du programme réunissant là aussi 1,5 million de personnes (6,8% de PDA).

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