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Le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem commencera en mai

L’administration Trump veut faire coïncider ce geste avec le 70e anniversaire de la proclamation de l’Etat d’Israël.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 23 février 2018 à 19h03, modifié le 24 février 2018 à 10h08

Temps de Lecture 3 min.

Donald Trump, lors d’une rencontre avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à Davos (Suisse), le 25 janvier.

Situé dans le sud de Jérusalem, le quartier résidentiel d’Arnona est déjà le cadre de quelques grands chantiers immobiliers. Ce n’est rien par rapport à l’agitation qui va s’y produire le 14 mai. C’est à cette date qu’y débutera le transfert de l’ambassade américaine, sise actuellement à Tel-Aviv.

Vendredi 23 février, la Maison Blanche a confirmé cette accélération du calendrier, destinée à coïncider avec le 70e anniversaire de la proclamation de l’Etat d’Israël. C’est aussi le 14 mai 1948 que le président américain Harry Truman avait reconnu ce nouveau pays. Les Israéliens, eux, fêteront leur Etat les 18 et 19 avril, conformément au calendrier hébraïque. « Cette décision va faire du 70e anniversaire de l’indépendance une célébration encore plus grande », s’est félicitée dans un communiqué l’ambassade israélienne à Washington. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui sera reçu à la Maison Blanche le 5 mars, a salué « un grand jour pour l’Etat d’Israël ».

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis, le 6 décembre 2017, va donc connaître une première traduction symbolique. Il s’agira d’abord d’installer un bureau pour l’ambassadeur, David Friedman, dans des locaux déjà utilisés par le consulat américain à Arnona. Un simple changement de plaque, en somme. Un bâtiment annexe sera prêt d’ici à la fin de 2019, avant l’édification « à long terme » de l’ambassade permanente, a précisé le département d’Etat.

Ruptures

Le transfert est en effet une opération gigantesque. La Maison Blanche voulait concrétiser au plus vite sa rupture avec les administrations précédentes, républicaines ou démocrates. Le consensus international veut que le statut de Jérusalem ne sera déterminé qu’au terme des négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens. Donald Trump, lui, ne se sent engagé par rien. L’agence Associated Press a révélé vendredi que la Maison Blanche étudiait l’offre faite par le magnat des casinos Sheldon Adelson. Fondateur du quotidien gratuit Israel Hayom, le milliardaire serait prêt à assumer le coût au moins partiel du déménagement de l’ambassade américaine. Un sponsor privé pour une représentation d’Etat ? Une autre rupture potentielle.

Vendredi soir, Saeb Erekat, le négociateur vétéran de l’Autorité palestinienne, a publié un communiqué pour dénoncer ce déménagement. Il montre selon lui « la détermination de l’administration américaine à violer le droit international, à détruire la solution à deux Etats, à provoquer les sentiments du peuple palestinien, ainsi que ceux des Arabes, des musulmans et des chrétiens dans le monde ». Le 20 février, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a répété devant le Conseil de sécurité des Nations unies son refus de toute médiation exclusive américaine.

La stratégie des Etats-Unis ne manque pas de surprendre. Les négociateurs qui ont été désignés – l’ambassadeur David Friedman, l’avocat Jason Greenblatt et le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner – font savoir qu’ils sont sur le point de boucler un plan de paix exhaustif. Mais dans le même temps, Washington ne cesse de s’aliéner la direction palestinienne, avec la reconnaissance de Jérusalem, puis les coupes budgétaires imposées à la mission de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.

La paix en kit

Les conseillers de M. Trump ont adopté des éléments de langage inédits. Les diplomates européens en ont fait l’apprentissage au cours d’une rencontre avec Jason Greenblatt, dont plusieurs sources ont fait le récit au Monde. Le 30 janvier, cet avocat affable a vu pour la première fois les chefs de mission de l’Union européenne à Jérusalem et Ramallah, ainsi que les représentants de la Norvège, de la Suisse, du Canada et de l’Australie.

M. Greenblatt a répété que Washington ne voulait pas imposer une solution de l’extérieur et s’est dit convaincu que Benyamin Nétanyahou serait prêt à saisir l’occasion du plan de paix en préparation. Interrogé sur la réalité de l’occupation israélienne en Cisjordanie, l’avocat a rejeté les termes mêmes de la question en estimant qu’il n’avait pas à se prononcer sur ce « sujet politique ». Depuis l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, les Etats-Unis ne condamnent plus le développement des colonies.

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L’envoyé spécial n’a rien dévoilé du contenu du plan américain. Il a simplement dit que celui-ci traiterait de tous les aspects d’un statut final. La paix en kit complet, en somme, qui ne nécessiterait ensuite qu’un an et demi à deux ans de discussions entre les parties pour être implantée, selon l’avocat.

Avec quel horizon ? Jason Greenblatt, comme le président américain, s’est gardé de soutenir clairement la solution à deux Etats, qui n’a pas conduit à la paix ces dernières années, rappelle-t-il. Il a aussi pris ses distances avec les accords d’Oslo (1993), en précisant que les Etats-Unis en reprendront seulement ce qui mérite de l’être. Une façon de répéter que le passé ne les engageait en rien.

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