Israël : un chauffeur consulaire français inculpé pour trafic d'armes depuis Gaza

Israël : un chauffeur consulaire français inculpé pour trafic d'armes depuis Gaza
Le point de passage d'Erez, dans le nord de la bande de Gaza, en novembre 2017. (THOMAS COEX / AFP)

INFO OBS. Employé du consulat général de France à Jérusalem, l'homme a été inculpé ce lundi pour avoir transféré des armes depuis le territoire tenu par le Hamas vers la Cisjordanie.

Par Hadrien Gosset-Bernheim
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Romain Franck, un Français de 24 ans employé en tant que chauffeur par le Consulat général de France à Jérusalem, a été arrêté le mois dernier par les services de renseignements intérieurs israéliens, le Shabbak, pour avoir transféré des armes depuis Gaza vers la Cisjordanie sous couvert de sa mission diplomatique.

Le jeune nordiste, qui travaillait pour la représentation française dans le cadre du volontariat international (VI), s'était ainsi prévalu de son passeport de service pour se soustraire aux fouilles au terminal d'Erez, point de sortie de la bande de Gaza vers Israël : cinq voyages en tout au cours desquels il aurait fait passer 70 armes de poing et deux fusils d'assaut dans le coffre d'un véhicule muni de plaques diplomatiques. Après une audition ce lundi après-midi devant le tribunal de Beersheva, dans le sud du pays, l'homme a été inculpé. Sa détention est prolongée jusqu'au 28 mars dans un premier temps. 

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D'après les éléments rendus publics par le Shin Beth, l'arsenal convoyé par Romain Franck lui avait été remis par un employé du Centre culturel français de Gaza afin d'être ensuite livrés à des trafiquants d'armes palestiniens en Cisjordanie. Il aurait agi pour des raisons financières et dans "l'ignorance de ses supérieurs" au Consulat, précisent les enquêteurs israéliens. Un gardien palestinien, employé par la représentation française et soupçonné d'être lié au même trafic, a par ailleurs également été arrêté le 19 février dernier.

Un précédent en 2013

Si les Israéliens prennent soin de dégager les autorités françaises de toute responsabilité, l'affaire n'en est pas moins extrêmement sensible. D'abord car l'Etat hébreu déploie des efforts considérables pour "assécher" l'approvisionnement en armes des groupes armés palestiniens. Elle met surtout en porte-à-faux le consulat de France à Jérusalem, dont Israël dénonce régulièrement le rôle d'ambassade officieuse auprès des autorités palestiniennes. De fait, la représentation palestinienne actuellement dirigée par Pierre Cochard, le consulat de France à Jérusalem échappe traditionnellement à l'autorité de l'ambassadrice en poste en Israël, Hélène Le Gal.

"Nous prenons cette affaire très au sérieux et en suivons le développement en étroite coopération avec les autorités israéliennes", expliquait dimanche à "l’Obs" un responsable de l’ambassade de France en Israël, tout en refusant de détailler la nature des faits reprochés aux deux employés consulaires. 

En 2013, déjà, le chef du garage du même consulat avait été arrêté au poste frontière d’Allenby, séparant Israël et la Jordanie, avec dans le coffre d’un véhicule pourvu de plaques diplomatiques un chargement de 152 kg d’or, des chèques pour une valeur de près de 2 millions de dollars, des centaines de téléphones cellulaires, ainsi que 500 kg de tabac. Lui aussi s’était prévalu de son passeport de service, document officiel qui n’offre cependant pas l’immunité diplomatique, pour échapper aux contrôles. A l’époque, les autorités israéliennes avaient préféré ne pas ébruiter l’affaire et l’avaient discrètement exfiltré vers la France.

Hadrien Gosset-Bernheim

Hadrien Gosset-Bernheim
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