Le mouvement de contestation frontalière à Gaza fait 15 morts côté palestinien
- Publié le 30-03-2018 à 21h39
- Mis à jour le 30-03-2018 à 21h40
Le mouvement lancé vendredi a fait huit morts dans les rangs palestiniens.C’est dans une bande de Gaza au bord de l’explosion sociale pour cause de crise économique, humanitaire et politique sans précédent que des milliers d’habitants du territoire palestinien ont lancé vendredi un mouvement de contestation le long de la barrière de sécurité qui les isole totalement d’Israël. L’objectif de cette action surnommée la "grande marche du retour" est de manifester pacifiquement, six semaines durant, en installant des campements censés renvoyer aux conditions de vie précaires des Gazaouis, fruits du blocus israélien et de trois guerres avec Israël.
Pour pacifique qu’elle soit, cette action a débuté dans la violence. Le ministère de la Santé palestinien a dénombré au moins quinze Palestiniens tués par balle ou dans des affrontements avec des soldats israéliens après que des milliers d’entre eux eurent convergé vers différents points de rassemblement. Des tirs ont aussi blessé trois cents autres personnes, selon des chiffres fournis par le Croissant rouge palestinien. Ces décès font écho aux six Arabes israéliens tués en 1976 lors de manifestations contre la confiscation de leurs terrains par Israël. Ceux-ci sont commémorés le 30 mars de chaque année à l’occasion de la "Journée de la Terre", jour choisi cette fois pour donner le coup d’envoi de la "grande marche du retour".
Tirer la sonnette d’alarme
Les Palestiniens de Gaza, qu’Israël maintient depuis plus de dix ans sous un blocus plus ou moins partiel selon le moment, entendent ainsi tirer la sonnette d’alarme jusqu’au 14 mai, date du 70e anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. Avec l’espoir de sensibiliser un maximum de monde puisque cette période devrait attirer la presse et de nombreux observateurs du monde entier.
Ces six semaines de contestation sont aussi dédiées au "droit au retour" des Palestiniens qui, par centaines de milliers, avaient été expulsés de leurs terres ou avaient fui lors de la guerre qui a suivi la création d’Israël en 1948. Ce droit au retour est l’une des principales pierres d’achoppement du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens - aujourd’hui en état de mort clinique.
Les affrontements entre manifestants palestiniens et forces de l’ordre israéliennes se sont multipliés aux abords de la barrière de sécurité. Les autorités israéliennes ont parlé de 17.000 personnes réparties dans six lieux de rassemblement le long de la frontière. Des manifestants ont lancé des pierres et des pneus en feu en direction de la barrière de sécurité. Les soldats de Tashal ont répliqué avec des moyens anti-émeutes mais aussi par des tirs d’armes à feu vers les meneurs.
Empêcher les infiltrations en Israël
Israël avait au préalable annoncé la couleur, affirmant qu’aucune provocation ni endommagement de la barrière ne seraient tolérés, et que ses soldats utiliseraient la force si nécessaire. Le ministre de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, avait précisé que l’Etat hébreux était "prêt à stopper les infiltrations par tous les moyens nécessaires". Des tireurs d’élite ont ainsi été réquisitionnés et un drône déployé.
Les autorités israéliennes craignent que des Palestiniens ne profitent de ce mouvement de protestation pour forcer la barrière de sécurité et pénétrer en territoire israélien.
L’action, organisée par la société civile palestinienne, est soutenue par le Hamas. Le mouvement islamiste, qui avait pris le contrôle du territoire en 2007, a assuré qu’il veillerait à ce que personne n’approche dangereusement de la frontière.