L’électeur juif est de plus en plus courtisé par les partis anversois (ANALYSE)
- Publié le 17-04-2018 à 20h55
- Mis à jour le 18-04-2018 à 10h05
L’annonce, ce mardi, du ralliement possible d’Anton Berger, un juif ultraorthodoxe sur la liste du CD&V à Anvers, a suscité de nombreux remous (Lire ici son portrait).
Elle révèle la lutte à laquelle se livrent les partis anversois pour attirer le vote des électeurs juifs. Des exemples ? Il y a un mois, le bourgmestre de la Métropole et tête de liste N-VA avait déclaré que, à la " différence des musulmans, les juifs évitent les conflits". Quelques jours plus tard, la tête de liste Open VLD à Anvers, Philippe De Backer, avait volontairement souligné, dans un entretien au magazine "Joods Actueel" que " la N-VA est contre l’abattage rituel par principe", alors que les libéraux flamands seraient pour la recherche d’une solution qui serait "acceptable par la communauté juive".
On ne connaît pas le nombre exact d’Anversois d’origine juive, mais on les évalue généralement entre 20 000 et 25 000. Une grande majorité d’entre eux sont, au contraire des Bruxellois d’origine juive, encore très religieux, ce qui ne les empêche pas, selon leurs dires, de s’intégrer parfaitement dans la Métropole. Et ils participent volontiers aux élections. D’où l’intérêt qu’ils suscitent auprès des partis. Y compris au Vlaams Belang.
En 2007, De Wever avait dû s’excuser
L’exercice peut parfois s’avérer délicat, comme en a fait l’expérience Bart De Wever, en 2007, lorsque les autorités de l’époque présentèrent les excuses de la Ville pour son rôle ambigu dans la déportation des Juifs à partir de 1942. Le président de la N-VA avait parlé d’une "démarche gratuite" de la part du bourgmestre Patrick Janssens (SP.A), ce qui provoqua une levée de boucliers dans la communauté juive et en dehors. Bart De Wever s’excusa, nia être négationniste et expliqua qu’il était facile de présenter ses excuses soixante ans après.
Mais il en a tiré les leçons. Aux élections communales de 2012, il avait aligné André Gantman, ancien échevin libéral dont il fit le chef du groupe N-VA au conseil communal.
Face-à-face élargi
Aujourd’hui, la N-VA et l’Open VLD s’efforcent d’apparaître comme les plus proches de la communauté. Avec toujours un avantage léger à l’Open VLD grâce à l’échevin Claude Marinower, très présent dans le devoir de mémoire et dans la mise sur pied de Kazerne Dossin, le mémorial de Malines.
C’est dans cette quête du suffrage juif que s’inscrit l’annonce du côté du CD&V, en retrait sur ce genre d’ouverture, d’abord d’une candidature - mort-née ? - du rabbin Aaron Malinsky puis de celle d’Aron Berger qui devrait être confirmée ce mercredi. Encore que les doutes soient permis. Ce mardi, en fin de journée, il se murmurait que le sommet du parti envisageait une solution permettant tant au parti, qu’à Aron Berger de ne pas perdre la face.
Pourquoi Berger veut être élu comme CD&V
Grandeur judéo-chrétienne. Interrogé sur sa présence annoncée sur une liste d’inspiration chrétienne, Aron Berger répond du tac au tac dans un entretien au magazine "Joods Actueel". "L’histoire judéo-chrétienne de notre continent a grandi l’Europe, explique-t-il . Puis le CD&V comprend que la religion fait partie de la vie quotidienne d’un grand nombre de nos concitoyens. En outre, notre parti met en exergue la charité, le respect pour l’autre. Je suis aussi ouvert aux opinions, aux convictions d’autrui et j’espère que c’est réciproque, que cela se passera aussi ainsi pour moi et pour ma communauté. Je soutiens ce qui nous relie et j’offre le bénéfice du doute à ce qui nous divise."