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Hommage aux héros du ghetto de 1943 en Pologne sur fond de tensions avec Israël

Des gens ont assisté, jeudi soir, à un concert devant le monument aux Héros du Ghetto, à Varsovie, pour souligner le 75e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie.

Des gens ont assisté, jeudi soir, à un concert devant le monument aux Héros du Ghetto, à Varsovie, pour souligner le 75e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie.

Photo : Getty Images / Sean Gallup

Radio-Canada

Le président polonais Andrzej Duda a rendu hommage, jeudi, aux héros du soulèvement du ghetto de Varsovie de 1943. Il en a profité pour rappeler que la Pologne rejette quelque responsabilité que ce soit pour l'Holocauste ainsi que les accusations quant à l'attitude de ses citoyens à l'égard des Juifs sous l'occupation allemande.

19 avril 1943. Quelques centaines de combattants juifs attaquent les nazis. Ils préfèrent mourir l'arme à la main plutôt que de prendre le chemin des chambres à gaz du camp d'extermination de Treblinka, dans l'est du pays. L'occupant allemand, à ce moment, a déjà envoyé plus de 300 000 juifs de Varsovie dans ce ghetto aux conditions inhumaines.

« Je suis convaincu que si quelqu'un parle de responsabilité ou de coresponsabilité de l'État polonais pour l'Holocauste, cela blesse non seulement les Polonais, mais aussi les Juifs citoyens polonais, et la mémoire de ceux qui sont tombés sous les drapeaux polonais et juif », a déclaré jeudi le chef de l'État lors de la cérémonie officielle devant le monument aux Héros du ghetto.

Tant les Polonais que les Juifs « tiennent énormément à n'avoir qu'une seule vérité historique », a-t-il ajouté.

Le président polonais Andrzej Duda a prononcé un discours, jeudi, lors de la cérémonie officielle.

Le président polonais Andrzej Duda a prononcé un discours, jeudi, lors de la cérémonie officielle.

Photo : AFP/Getty Images / JANEK SKARZYNSKI

L'ambassadrice d'Israël Anna Azari et le président du Congrès mondial juif Ronald S.Lauder étaient notamment présents.

Une loi source de tensions

Les cérémonies du 75e anniversaire de l'insurrection du ghetto se déroulent cette année sur fond de tensions entre la Pologne et Israël. Le sujet de discorde est une loi polonaise perçue par l'État hébreu comme pouvant conduire à nier la participation de certains Polonais à des crimes contre les Juifs commis sous l'occupation nazie.

Le président du Congrès mondial juif a pour sa part évoqué « un lien spécial que personne ne peut détruire » entre les catholiques et les juifs polonais ayant combattu les nazis allemands. M. Lauder a cependant rappelé que « dans toute l'Europe et ici, en Pologne, il y a eu des personnes d'origine non juive qui ont risqué leur vie pour sauver des familles juives, et il y a eu aussi, dans toute l'Europe et ici en Pologne, celles qui ont escroqué des familles juives, les ont trahies et se sont emparées de leurs biens ».

L'ambassadrice israélienne n'a quant à elle pas évoqué le sujet délicat de la loi polonaise sur les camps de la mort. Elle a plutôt souligné que l'anniversaire du soulèvement coïncidait avec celui de la création, cinq ans plus tard, de l'État d'Israël, et que les deux événements étaient intimement liés par le courage des protagonistes.

À midi, les sirènes d'alarme ont hurlé à Varsovie. Les passants dans les rues arboraient par milliers des jonquilles en papier.

Une cérémonie qui ne fait l'unanimité

Parallèlement, quelques centaines de personnes ont participé à une manifestation au son de chansons en yiddish, pour montrer qu'elles s'opposent à « la récupération des cérémonies anniversaires par les politiciens ».

On y a lu une déclaration faite il y a 40 ans par l'un des chefs de l'insurrection, Marek Edelman, qui était d'avis que les commémorations officielles faussent l'histoire.

Pour la Varsovienne Stanislawa Scibor, 82 ans, qui se souvient encore de s'être cachée dans une cave avec des enfants juifs, c'est le caractère protocolaire de l'hommage institutionnel qui est rebutant.

« Je ne veux pas participer aux événements officiels [...] Avant, il n'y avait pas de barrières, chacun pouvait y aller », a-t-elle dit.

Dans l'après-midi, la fondation Shalom devait inaugurer à Varsovie « l'arbre des larmes », un saule pleureur dont les feuilles sont censées symboliser les larmes des mères juives qui avaient dû se séparer de leurs enfants pour les sauver à l'heure de la Shoah.

Mais le symbole le plus visible pour les habitants de la capitale polonaise demeure les jonquilles épinglées sur leurs vêtements, tradition récente qui se renforce d'année en année.

C'est Marek Edelman, mort en 2009, qui a créé cette tradition. Il allait chaque année déposer un bouquet de jonquilles au monument aux Héros du ghetto.

Par leur couleur et leur forme, les jonquilles font également penser à l'étoile jaune obligatoire imposée aux Juifs par les Allemands pendant la guerre.

Jonquilles épinglées aux vêtements, des gens ont déposé des fleurs sur un monument érigé sur un monticule, à Varsovie, qui est à la fois une fosse commune et l'endroit où se trouvait le bunker de commandement des partisans juifs qui ont combattu dans le ghetto de Varsovie.

Jonquilles épinglées aux vêtements, des gens ont déposé des fleurs sur un monument érigé sur un monticule, à Varsovie, qui est à la fois une fosse commune et l'endroit où se trouvait le bunker de commandement des partisans juifs qui ont combattu dans le ghetto de Varsovie.

Photo : Getty Images / Sean Gallup

Avec les informations de Agence France-Presse

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