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Tribune contre « l’antisémitisme musulman » : Dalil Boubakeur dénonce un « procès injuste et délirant »

Le recteur de la grande mosquée de Paris a réagi, lundi, au texte publié dimanche dans « Le Parisien ».

Le Monde avec AFP

Publié le 23 avril 2018 à 13h55

Temps de Lecture 2 min.

Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, en 2016.

Un « procès injuste et délirant ». Dans un communiqué, diffusé lundi 23 avril, le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a rejeté les affirmations d’un manifeste contre « le nouvel antisémitisme », signé par près de trois cents personnalités. Le texte, publié dimanche dans Le Parisien, dénonce « l’antisémitisme musulman » qui provoquerait « une épuration ethnique à bas bruit ».

Signé notamment par Nicolas Sarkozy, Manuel Valls, Laurent Wauquiez, Charles Aznavour ou encore Gérard Depardieu, le texte appelle à ce que « soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques » musulmanes « les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants », « afin qu’aucun croyant ne puisse s’appuyer sur un texte sacré pour commettre un crime ».

Mais pour M. Boubakeur, « cette tribune présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles ».

« Les citoyens français de confession musulmane majoritairement attachés aux valeurs républicaines n’ont pas attendu [cette] tribune (…) pour dénoncer et combattre depuis des décennies l’antisémitisme et le racisme antimusulman sous toutes ses formes. »

Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Abdallah Zekira, a condamné un débat « nauséabond et funeste » sur l’islam et a appelé les signataires à cesser « d’accabler l’islam et les musulmans ». Le président du Conseil du culte musulman, Ahmet Ogras, estime que « cette tribune est un non-sens, un hors-sujet. La seule chose à laquelle on adhère, c’est qu’on doit tous être ensemble contre l’antisémitisme ».

« Dire que le Coran appelle au meurtre, c’est très violent et c’est une ineptie ! », dit Tareq Oubrou, imam de la grande mosquée de Bordeaux.

« Le Coran est, à l’origine, en arabe. Je pense que ceux qui ont signé la tribune ont lu une traduction, une interprétation. Ça montre un manque de culture religieuse. N’importe quel texte sacré est violent, même l’Evangile ! »

Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation de l’islam de France, s’est joint aux critiques mardi 24 avril.

« Autant il faut condamner avec la plus extrême vigueur toutes les manifestations d’antisémitisme à commencer par les actes antisémites, autant il peut être dangereux de désigner un nouvel antisémitisme musulman, comme si tous les musulmans avaient tété l’antisémitisme avec le lait de leur mère », a affirmé Jean-Pierre Chevènement dans un communiqué. « C’est ce genre de généralisation abusive qui contribue à la montée des tensions dans notre société et à créer un climat de guerre civile. »

« Cette tribune est révélatrice d’une inquiétude »

Invité de France Inter lundi matin, l’essayiste Pascal Bruckner, qui a signé cette tribune, s’est défendu de toute stigmatisation des musulmans. « Nous n’appelons pas à la stigmatisation, mais à l’insurrection des bonnes volontés et, dans ces bonnes volontés, les musulmans réformateurs, les musulmans libéraux, les musulmans éclairés sont évidemment d’accord, a-t-il expliqué. Non seulement nous ne stigmatisons pas, mais nous avons un certain nombre d’imams qui ont signé avec nous et qui sont eux-mêmes horrifiés par ce qui se passe. »

M. Bruckner fait notamment référence à l’imam de Nantes Mohamed Guerroumi et à l’ancien imam de Drancy (Seine-Saint-Denis), Hassen Chalghoumi. Dimanche, sur Franceinfo, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, a déclaré qu’il fallait « tout faire pour éviter une guerre des communautés ». « Cette tribune est révélatrice d’une inquiétude. (…) Il faut y répondre par une volonté de cohésion », a-t-elle poursuivi.

Cette tribune est publiée un mois après l’assassinat de Mireille Knoll, une octogénaire retrouvée morte à la fin du mois de mars dans son appartement à Paris, après avoir été frappée de coups de couteau. Plusieurs milliers de personnes avaient participé à une marche blanche contre l’antisémitisme en réaction à ce meurtre, pour lequel le parquet de Paris a retenu le caractère antisémite.

Le Monde avec AFP

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