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"Marches de la kippa" contre l'antisémitisme en Allemagne

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"MARCHES DE LA KIPPA" CONTRE L'ANTISÉMITISME EN ALLEMAGNE
Des milliers d'Allemands portant la kippa, la calotte juive, ont participé mercredi soir à des rassemblements organisés dans toute l'Allemagne en soutien à la communauté juive, dans un contexte de montée de l'antisémitisme. /Photo prise le 25 avril 2018/REUTERS/Fabrizio Bensch
FABRIZIO BENSCH

par Madeline Chambers et Michael Nienaber

BERLIN (Reuters) - Des milliers d'Allemands portant la kippa, la calotte juive, ont participé mercredi soir à des rassemblements organisés dans toute l'Allemagne en soutien à la communauté juive, dans un contexte de montée de l'antisémitisme.

Plusieurs incidents récents ont suscité l'inquiétude en Allemagne. La semaine dernière, un Arabe israélien, qui portait la kippa en public à titre d'expérimentation, s'est fait insulter par trois personnes, tandis qu'un Syro-Palestinien lui donnait des coups de ceinture. Une vidéo a été publiée sur internet.

Il y a eu par ailleurs plusieurs affaires de harcèlement d'enfants juifs dans les écoles. Le président du Conseil central des Juifs en Allemagne (ZDK), Josef Schuster, a conseillé aux Juifs de ne pas porter la kippa dans les grandes villes.

À Berlin, plus de 2.000 personnes ont participé à la "marche de la kippa" mercredi, selon la police. Des rassemblements ont également eu lieu à Cologne et dans d'autres villes allemandes.

Mercredi également, l'industrie musicale allemande a renoncé à remettre ses prestigieuses récompenses Echo après l'attribution d'un de ses prix à un duo de rappeurs dont le texte de certaines chansons a suscité la polémique.

Dans leur dernier album, "Jung, brutal, gutaussehend 3 ("Jeune, brutal, beau gosse 3"), Kollegah et Farid Bang, disent, dans un de leurs titres, "Je fais un autre Holocauste, avec un Molotov" et que leurs corps sont "plus dessinés que les prisonniers d'Auschwitz".

Plusieurs anciens lauréats du prix Echo ont retourné leurs prix en signe de protestation.

La montée de l'antisémitisme d'origine musulmane inquiète aussi en France. Plus de 250 personnalités ont signé un "manifeste contre le nouvel antisémitisme" dans lequel ils demandent que la lutte contre l'antisémitisme soit déclarée cause nationale.

Dans la foulée, 30 imams ont appellé leurs confrères "éclairés" à s'investir dans la promotion d'un contre-discours face à l'extrémisme et au danger terroriste.

En Allemagne, la question de l'antisémitisme est particulièrement sensible en raison du lourd héritage de la Shoah et de ses six millions morts.

CONTRE "NOUS TOUS"

Les attaques antisémites sont dirigées contre "nous tous", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas au quotidien Tagesspiegel. "Personne ne peut faire l'objet de discrimination en raison de son origine, de la couleur de sa peau ou de sa religion."

Depuis 1991, le nombre de Juifs appartenant à une communauté religieuse a plus que triplé en Allemagne pour dépasser 100.000, grâce à un afflux d'arrivants de l'ex-Union soviétique. On estime le nombre de Juifs non pratiquants et de personnes ayant des racines juives également autour de 100.000.

La communauté juive comptait environ 600.000 personnes avant l'Holocauste nazi et seulement 10.000 à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Selon le Tagesspiegel, qui cite des chiffres du gouvernement allemand, quatre actes antisémites par jour ont été recensés en moyenne en 2017, comme en 2016. La majorité, soit 1.377 sur 1.452, ont été commis par des sympathisants d'extrême droite.

La formation d'ultra-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) pointe une arrivée massive de migrants depuis 2014.

"Nous avons lancé des avertissements très tôt sur la force énorme de l'antisémitisme musulman", a déclaré Georg Pazderski, un des responsables de l'AfD.

Le président du Conseil central des Juifs a appelé les groupes musulmans à résister à l'antisémitisme. "Il ne peut y avoir de tolérance à l'intolérance", a déclaré Josef Schuster.

Le Conseil central des musulmans et les groupes turcs d'Allemagne ont soutenu les rassemblements de mercredi.

"Si vous voulez combattre l'islamophobie, alors, vous ne pouvez pas non plus tolérer l'antisémitisme. On sait où a mené l'antisémitisme dans l'Histoire allemande", a déclaré au Berliner Zeitung Gokay Sofuoglu, responsable des communautés turques en Allemagne.

Afin d'apaiser les inquiétudes, l'Allemagne a nommé un commissaire à l'antisémitisme. Felix Klein, un ancien diplomate, doit prendre ses fonctions en mai. Ce n'est pas suffisant, estiment les détracteurs de la chancelière Angela Merkel.

(Danielle Rouquié pour le service français)

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